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Disparition – Jan Kallenbach, un géant pour l’éternité

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Il se sera engagé sans compromis dans un parcours martial radical, passant par le Japon des années 1960, à la rencontre des légendes Donn Draeger, Masutatsu Oyama ou Kenichi Sawai. Le géant néerlandais Jan Kallenbach, budoka en quête d’absolu, a rejoint ses maîtres.

Ce colosse néerlandais était judoka dans sa jeunesse, enseignant à vingt ans cette discipline, mais aussi le karaté kyokushinkai que lui avait transmis John Bluming. À vingt-quatre ans, en 1967, il part pour une aventure japonaise d’exception, restant deux ans aux côtés du fondateur du kyokushinkai, Masutatsu Oyama, fréquentant aussi le Kodokan pour le judo, où il rencontre un autre mentor exemplaire, le formidable Donn Draeger qui lui ouvrira la voie des différents Budo auprès des maîtres les plus réputés : le iaido de Kuroda Itchitaro, le jodo shindo muso ryu de Shimizu Takaji, le sabre de la tenshin shoden katori shinto ryu, avec le maître Otake Risuke… Par l’intermédiaire de ses compagnons d’armes du kyokushin, il fait enfin la rencontre décisive : celle du mystérieux Kenichi Sawai, maître de tai ki kempo et fondateur du taikiken. Il en deviendra le disciple et plus tard le représentant en Europe.

Le représentant français du taikiken, Jean-Luc Lesueur, dit de lui qu’il était « habité par les arts martiaux authentiques et l’esprit du Budo, toujours en quête des meilleurs maîtres. Sans chercher à se mettre en avant, il aura marqué son époque ». 

Photo : Marshall McDonagh

De retour en Europe, il fait parler de lui dans les compétitions de karaté de la grande époque des années 1960-1970, remportant notamment le championnat d’Europe des poids lourds à Londres, en 1974. « C’était un combattant énorme, se souvient Dominique Valéra. On n’aimait pas l’avoir dans la poule car on savait à quoi on allait faire face. Un gros physique, un esprit fort et une volonté de combat inébranlable. Son nom intimidait ». La fameuse équipe de France de 1972 l’a toujours considéré avec un immense respect. Francis Didier, l’un de ses adversaires à l’époque écrit ceci à son propos : « Il était très fort, plus grand que moi de deux têtes, massif, avec son survêtement blanc distinctif et sa serviette autour du cou… En 1974, il a eu le titre. On s’était rencontrés, et alors que je le sentais dix fois supérieur à moi, il m’avait fait un combat chevaleresque, et j’avais eu le sentiment qu’il m’avait protégé. Un peu plus tard, je l’ai félicité chaleureusement. Il m’a remercié, m’a regardé avec une sincérité totale et m’a dit quelque chose comme : “Tu sais, les médailles, ce n’est rien. L’essentiel, ce sont les rencontres et le perfectionnement de soi-même”. Ce ne sont pas les coups qui m’ont touché, ce ne sont pas les mots non plus, c’est l’exemplarité parfaite de l’homme vraiment modeste que j’avais devant moi. En si peu de temps, il m’a rectifié – au sens de redresser, épurer, donner une direction – pour toute ma vie ».

Toute sa vie, le grand Jan Kallenbach l’aura consacrée à la recherche sincère des principes martiaux, de l’esprit du Budo. Jusqu’à sa mort, ce 15 avril 2021. D’année en année, il aura approfondi sa propre voie, allant se nourrir aux sources chinoises du taikiken. Septième dan de karaté, il suivra les enseignements des maîtres Li Yuan Ju, Cui Rui Bin et Dao shi Ming en Chine. Son ami Romain Anselmo peut conclure : « Sa démarche était totalement désintéressée, hors de toute démarche commerciale. À sa façon, sereine et tranquille, il aura peut-être été le dernier de son genre ».

Emmanuel Charlot / Sen No Sen

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