
Dans nos territoires – Ép.1 : KC La Ravoire
Niché à l’est de Chambéry, cette ville de 8000 habitants possède, avec le Karaté Club de la Ravoire, l’une des structures les plus dynamiques de la métropole. La clé du succès ? Avoir misé sur la diversité des pratiques.
« La saison dernière, nous avions terminé à 334 licenciés. Actuellement, nous sommes à 441 pratiquants, ce qui va devenir le record de l’histoire du club. Une hausse spectaculaire… y compris pour nous ! (sourire) Une croissance qui s’explique en grande partie par l’appétence pour les disciplines associées. » Directeur technique du club, Richard Ehny, connaît sa structure sur le bout des doigts. Il faut dire qu’il y est présent depuis 1981. « J’ai débuté le karaté en 1979. En 1981, j’ai rejoint le club avant d’en devenir l’entraîneur principal en 1999. » Actuellement, la structure, de style wado-ryu, compte, outre La Ravoire, quatre lieux d’entraînement : Saint-Jean-d’Arvey, Curienne – qui est la première antenne du club, ouverte il y a près de trente-cinq ans maintenant, Porte-de-Savoie et Novalaise. Des communes toutes situées dans l’agglomération chambérienne pour une association qui compte vingt-cinq enseignants diplômés et un public majoritairement féminin (54 % contre 46 % de licenciés masculins). « Les disciplines associées. Encore », sourit Richard Ehny.
Recherche de bien-être
Il y a dix ans, Richard Ehny a l’intuition que le club doit diversifier son offre, même si le karaté reste le centre de gravité. Ainsi, taijiquan, qi gong, body karaté et self-défense viennent offrir des pratiques nouvelles à un public souvent différent de celui des karatékas. « Je me souviens encore de la communication de la fédération, à l’époque, à propos de ces disciplines. Cela m’avait intrigué et convaincu. D’autant plus convaincu car je voyais à l’époque la naissance de nouvelles disciplines parmi les sports de combat. Je me souviens m’être dit : avoir plusieurs cordes à son arc serait peut-être une bonne idée… » Bien vu. Si le nombre de pratiquants reste modeste jusqu’à 2019 – de quinze à vingt personnes en body karaté par exemple – les inscriptions grimpent en flèche depuis deux ans. Les explications ? Elles sont, comme toujours, multiples. Professeur de taijiquan et de qi gong au sein du club, Laurence Zulian, troisième dan, avance une première explication liée aux effets de la crise sanitaire sur la société française : « Le nombre de pratiquants en taijiquan a augmenté de 20 % depuis la saison précédente. Ce sont essentiellement des personnes entre 36 et 45 ans, soit un public plus jeune que mes licenciés habituels, le plus âgé de mes pratiquants ayant tout de même 87 ans. Des nouveaux membres qui viennent chercher une pratique centrée sur le bien-être, apaisante, déstressante, après une période où le confinement a beaucoup pesé sur le mental. Un public de quadragénaires avec qui nous pouvons aborder le côté martial du taijiquan, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour la saison à venir. »
La communication au cœur
La seconde explication tient dans une communication pertinente et quasi-quotidienne. L’objectif ? Créer un lien fort avec les licenciés. « Durant la période de confinement, nous avons proposé, en tout, deux cent dix cours via la visioconférence, pour toutes les disciplines enseignées, note Richard Ehny. Plus globalement notre stratégie de communication s’appuie classiquement sur les réseaux sociaux, chacun des membres du bureau directeur s’occupant de celui avec lequel sa génération est le plus en phase : à moi le site internet et Facebook ; aux jeunes professeurs Instagram, Tik Tok et Snapchat. » Mais des stages sont également au programme, avec la venue d’experts, comme ce fut le cas en février dernier avec Thierry Alibert, septième dan, et expert reconnu des arts martiaux chinois. « Thierry est intervenu sur le thème de la santé du dos, explique Laurence Zulian. En moyenne, c’est une centaine de personnes qui était présente, licenciées ou non, à chacune de ses interventions annuelles dans notre club. Un événement destiné à tous nos licenciés puisque chaque pratiquant, quelle que soit sa discipline, peut avoir un intérêt à participer à ce stage. »
Une analyse confirmée par Raphaël Mariani, karatéka du club et ceinture noire depuis la fin mars. « J’ai commencé le karaté dans ce club en 1994. Si j’ai arrêté quelques années, j’ai pu en voir l’évolution. À l’époque, et ce n’est pas du tout une critique, l’aspect compétition était ce qui structurait en grande partie l’ADN de La Ravoire. Là, la multiplicité des pratiques m’a rendu curieux. Voilà pourquoi je suis venu assister au stage de Thierry Alibert. Un moment très intéressant qui m’a définitivement convaincu que la diversité des pratiques était une richesse ! ».
Le body karaté affole les compteurs
Mais il n’y a pas que le taijiquan qui voit ses cours se remplir. Le body karaté fait lui aussi le plein. « Lorsque je suis arrivée en 2019, nous étions quinze à vingt élèves, raconte Amandine Laborde, venue… du basket. Depuis le début de la saison, nous sommes une cinquantaine ! Ce qui donne un joli coup de fouet à la dynamique du cours. Une discipline avec laquelle j’ai tout de suite accroché puisqu’elle me permet de travailler à la fois mon cardio, mon renforcement musculaire et découvrir, dans un sens, le karaté. L’ambiance joue également puisque Richard a réussi à créer une dynamique de groupe, nous faisant comprendre que nous étions attendus à chacune de ses séances, un peu comme dans un sport collectif. » Le body karaté représente désormais un quart des licenciés du club : « cette année, nous sommes cent-vingt et cent-trente pratiquants, qui sont à 95 % des femmes », confirme Richard Ehny. Une dynamique exceptionnelle que ce dernier voudrait encore mieux encadrer. « Sur certaines antennes, nous avons des cours de karaté enfants hétérogènes en matière d’âge, avec des licenciés entre six et douze ans. Nous comptons donc former de nouveaux encadrants afin de pouvoir dispenser une pédagogie plus personnalisée. » Face aux Alpes, le Karaté Club de La Ravoire poursuit son ascension