

Coupe de France 2014 : Une étape vers l’Europe
Première compétition nationale après les championnats du monde de Brême du début du moins de novembre, à peine un mois plus tôt, la Coupe de France individuelle organisé le 6 décembre à la Halle Carpentier à Paris était, comme le soulignait le responsable des équipes de France Louis Lacoste, « une première étape dans le parcours de sélection », pour le championnat d’Europe espoir en février, le championnat d’Europe seniors en mars. Dans un contexte relevé, la jeunesse a assuré, des cadres ont trébuché, et Kenji Grillon a amorcé un retour en or.
À la grande Halle Carpentier, le Karaté français s’était donné rendez-vous dans une ambiance de retour aux affaires, jeunes aux dents longues l’esprit tendu vers une victoire qui leur offrirait le marche-pied vers la gloire, combattants d’expérience venus se replonger dans le bain du combat, héros de la campagne allemande dans les tribunes ou sur les chaises de coaches, comme William Rolle, auréolé de son titre mondial, Davy Dona avec le costume de l’entraîneur, où Alizée Agier, championne du monde au repos… Mais ils étaient néanmoins nombreux, aussi, les titulaires des championnats du monde à assumer leur statut sur cette Coupe de France, épreuve précoce sur le chemin du retour. Ainsi Sofiane Agoudjil en -60 kg,Mickael Serfati en -84 kg, Salim Bendiab en +84 kg et, chez les filles, l’insatiable Emily Thouy, vice championne du monde en -55 kg et déjà chez sur le tarmac, la -61 kg Leila Heurtault en équipe à Brême, ou sa majesté Nadège Ait-Ibrahim en +68 kg.
Les déçus
Ils étaient dans le doute après des championnats du monde ratés, ils ne se sont pas rassurés en cédant l’or à d’autres sur cette Coupe de France. Championne du monde 2012, Battus au premier tour à Brême, Nadège Ait-Ibrahim (+68 kg) se faisait en effet surprendre par la Tunisienne Aissa Faten en vadrouille à la Porte de Choisy en demi-finale, et devait se contenter du bronze en battant Ruth Soufflet par 3-2. Salim Bendiab (+84 kg) n’avait pas été satisfait de son championnat du monde, il ne quitte pas non plus la Hall Carpentier très heureux du résultat. Il est en effet nettement dominé en demi-finale par le Parisien Florian Malguy par 5-1, avant d’atteindre la médaille de bronze en battant Mickael Chantalou et Mike Voltat par 1-0 l’un et l’autre. Déçu de Brême lui aussi, Mickael Serfati (-84 kg) parvient jusqu’en finale, mais il doit céder l’or à un convalescent prestigieux, le champion du monde Kenji Grillon, venu tester son genou et se prouver qu’il était temps de passer à la vitesse supérieure.
Les feux sont au vert en revanche pour Sofiane Agoudjil (-60 kg), Emily Thouy (-55 kg) et Leila Heurtault (-61 kg), comme d’ailleurs pour la médaillée européenne Sophia Bouderbane (-50 kg).
Enfin, si on attendait avec curiosité le retour de Kenji Grillon, cette Coupe de France proposait aussi une première particulièrement surveillée, celle du champion du monde junior 2013 en -68 kg, Steven Da Costa, 17 ans. Il a rempli le contrat au-delà des espoirs mis en lui en emportant l’or devant l’international Marvin Garin. Il a désormais en ligne de mire un championnat d’Europe espoir, mais peut-être aussi un championnat d’Europe senior, en continuant sur ce registre. Le Petit Prince est dans la place.
Elles ont gagné
En -50 kg, Sophia Bouderbane domine de la tête et des épaules un groupe de six combattantes seulement. La surprise vient de la finaliste, la jeune May Ly Picard, championne de France juniors en mars et sélectionnée pour les championnats du monde. Combative, elle tentera de ramener des points jusqu’au bout, mais s’incline par 7-0 devant l’autorité de Bouderbane, la meilleure en l’absence d’Alexandra Recchia.
En -55 kg, toute auréolée de sa médaille d’argent mondiale, Emily Thouy arrivait sans frémir en finale, où elle retrouvait une « revenante » de talent, Maeva Samy, ancienne championne d’Europe espoir qui avait laissé de côté le karaté pour une aventure américaine. De passage par la France et inscrite à cette Coupe de France, elle démontre qu’elle n’a guère perdu de son talent. Prudente en finale, consciente qu’elle était attendue pour le contre, Emily Thouy se montrait patiente au point de provoquer l’attaque adverse, qu’elle contrait magistralement d’un ura-mawashi. Un départ parfait pour la nouvelle vice championne du monde.
Non sélectionnée en individuel en -61 kg à Brême, encore dans l’ombre de Lucie Ignace, Leila Heurtault a réussi un beau championnat du monde en équipe, nouvelle étape pour elle, dans la lignée de ses titres européens et mondiaux en espoir. En gagnant cette nouvelle Coupe de France, elle affirme encore un peu plus l’évidence de sa montée en puissance. Mais elle n’était pas seule en finale. Lucie Breton, toujours classée sur les « Premier League » sur lesquels elle a été engagée pendant la préparation des championnats du monde, avait fait un parcours à sa façon pour en arriver là, pleine de fougue et d’engagement. Plus maîtrisée en finale, Heurtault s’appuyait sur ses attaques pour la contrer et l’emportait 7-1.
En l’absence de la reine de Brême, la championne du monde Alizée Agier dans la catégorie des -68 kg, se départageaient en finale deux solides combattants du circuit, toujours classées ces dernières années et toutes les deux sur le podium du dernier championnat de France gagné par Agier. Lamya Matoub marquait un petit point décisif à Sonia Fromager sur une remise efficace en gyaku tsuki.
En +68 kg, après avoir dominé Nadège Ait-Ibrahim, la Tunisienne Faten Aissa retrouvait Anne-Laure Florentin, championne de France 2014 devant Ait-Ibrahim elle-même. Anne-Laure Florentin l’emportait de deux points.
Ils ont gagné
Sofiane Agoudjil, désormais numéro un français en -60 kg, a confirmé son championnat du monde prometteur en emportant cette Coupe de France de reprise, battant en demi-finale le jeune Kevin Azouz par 4-2. Mais la performance du jour est aussi à mettre à l’actif du très jeune Kevin Tavares Lopes, 18 ans, vice champion d’Europe junior 2013, qui domine en demi-finale un médaillé mondial et européen junior Aziz Rghioui, pour rejoindre Agoudjil en finale. Il perdait d’un petit point.
C’était peut-être la catégorie la plus excitante du jour, sous l’œil du « maître », William Rolle, le champion du monde de Brême en -67 kg. D’un côté le très attendu Marvin Garin, champion du monde espoir 2013, de l’autre le virevoltant champion du monde junior Steven Da Costa. Malgré sa jeunesse, celui-ci déjouait les pièges du jour avec son habituel talent et beaucoup de force mentale, s’imposant progressivement en finale à la vivacité et à la maturité de Garin dans un combat serré et spectaculaire, avec un splendide ura-mawashi, pour un résultat de 4-1.
En -75 kg, le vice-champion d’Europe espoir 2012 Logan Da Costa, grand frère du premier, a déjà sa place dans le groupe France dans le bloc équipe, mais il est volontaire pour les sélections individuelles et cette Coupe était la première étape de cette conquête. Il bat l’ancien vainqueur Yves-Martial Tadissi en quart, Abdellah Rouiha en en demi par 6-0, avant d’affronter Yoann Bastien en finale.Tout paraissait réglé d’entrée par une gifle en mawashi bien dans l’esprit de la famille Da Costa. Mais Yoann Bastien revenait par un balayage et il fallait au grand frère de la fratrie toute sa volonté d’attaque pour reprendre le point décisif.
Après sa blessure au genou à l’Open de Paris, Kenji Grillon était enfin de retour en -84 kg. Conscient de ses limites du moment, moins vif qu’à son habitude et peu affûté sur le plan cardio-vasculaire, le champion du monde partait doucement, pensant manifestement à son genou, gérant sa journée sans éclat, par des remises en gyaku-tsuki propres et nettes, à l’expérience. En finale, il arrêtait le très motivé Mickael Serfati par trois points à rien. Après un beau gyaku-tsuki à mi combat, il déroulait tranquillement jusqu’à la fin. Le phénix est de retour.
Salim Bendiab, l’habituel titulaire en +84 kg, absent de cette finale, on y retrouvait son vainqueur Florian Malguy. Face à lui Lionel Nardy, lequel profitait de cette opportunité pour s’offrir l’une des plus belles récompenses de sa carrière avec un beau balayage et une forte attaque à la gorge, décisive après le retour de Malguy à égalité 3-3. La catégorie se cherche un nouveau maître.
Doublé pour Sarcelles
Dimanche, lors de l’épreuve par équipe, l’AS Sarcelles réalise le doublé en remportant cette édition 2014 de la Coupe de France chez les hommes comme chez lez femmes.
Dans l’épreuve masculine, les franciliens s’imposent en finale contre la surprenante équipe de USL Mont-Saint Martin, emmenée par les frères Da Costa, sur le score de 3/2. Moreno Sheppard, Kenji Grillon et Marvin Garin s’imposent pour Sarcelles, alors que Steven et Logan Da Costa amènent les deux points pour les lorrains. Le Shotokan Karate Alésien de Nadir Benaissa et Azdin Rghioui, et l’équipe du Samouraï 2000 – Le Mans, complètent le podium.
Comme l’an passé, les sarcelloises, avec Ruth Soufflet, Maëva Samy et Lamya Matoub s’adjugent le titre en battant en finale le Budokan Orléans d’Emily Thouy, Anne-Laure Florentin et Laurie Thiebault sur le score de 2/0. Le FKA Marseille et le CSM Puteaux remportent le bronze.
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