Coupe de France kata, le bilan en 5 points clés
Pour Lucas Jeannot, responsable national du kata français, la coupe de France reste un passage obligé, un baromètre pour évaluer le travail accompli. « On connaît ce moment de la saison, qui demeure un passage obligé, un moment important pour tous les techniciens, qu’il s’agisse des seniors comme Thomas Klemz ou Helvétia Taily, en pleine préparation des championnats du monde ou des plus jeunes dont il s’agit d’évaluer le niveau et la progression. Ce que l’on peut dire, c’est que cette Coupe de France a encore montré à quel point le kata français est vivant, exigeant, et qu’il y a de belles promesses à faire éclore. Maintenant, il faut les transformer en performances. » Une édition 2025 analysée en 5 points qui a permis de confirmer certaines tendances, tout en révélant quelques fragilités qui seront autant d’axes de travail.
1- Étourdissantes juniors féminines
« D’abord, il convient de dire que certaines catégories brillent par leur vitalité, notamment chez les jeunes filles. Chez les juniors féminines, on voit une génération assez exceptionnelle », se réjouit Lucas Jeannot. « On a Ninon Vaucelle-Spelle, qui gagne cette coupe de France et qui a déjà été médaillée mondiale. Julia Villanova, devenue championne d’Europe cadettes cette année, tout comme Louise Capet, par équipes avec Ninon et Julia, On peut aussi citer Aurore Despujol qui a déjà fait des podiums sur les Youth League, avec un potentiel et des qualités impressionnantes, Ines Ordonez, dans la même catégorie, qui a déjà réussi beaucoup de performances significatives. Cela donne une densité assez folle dans cette tranche d’âge. Elles s’entraînent toutes dur, ce qui a pour effet de les hisser vers le haut. C’est clairement une génération qui a compris ce que l’on attendait d’elles. »

2- Vigilance dans les autres catégories d’âge
Pour le reste ? « Globalement, j’ai trouvé que la densité était moindre dans les autres catégories d’âge. On peut même dire que, si on avait le sentiment ces derniers mois que les générations étaient très mûres et investies, sur cette coupe, on était un cran en dessous. Il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives car des cycles générationnels, il y en a toujours, en France comme ailleurs. L’Espagne, par exemple, après le règne de Sandra Sanchez Jaime, a connu un creux aussi. Ce n’est pas une question de méthode, mais plutôt de renouvellement naturel. Il faut continuer à travailler sur la compréhension des axes techniques et athlétiques. Parfois, les messages passent, mais pas toujours de manière homogène ou aussi rapidement qu’on le souhaite. Le lien entre encadrement national et entraîneurs de clubs demeure un enjeu clé. Les coaches de club adhèrent au projet, mais il faut encore harmoniser les attentes et les outils de la performance. »

3 – Une coupe de France essentielle
« Ce rendez-vous national demeure essentiel pour lui-même mais aussi pour voir et revoir des athlètes autrement qu’à travers les stages, notamment chez les plus jeunes qui n’avaient pas de compétitions depuis les championnats de France. Il existe un important renouvellement sur les minimes et les cadets. Là, il y a des déceptions, notamment chez les féminines. Le potentiel est présent, mais cela manque de maturité technique et physique à leur âge, chez les minimes (masculins et féminines) et les cadettes. On attendait aussi davantage des juniors masculins. Il faut le dire, c’est un peu inquiétant et dommage car c’est un enjeu aussi en vue des sélections. De plus, c’est très compliqué aujourd’hui de tenir compte des Youth League en raison de la limite des places. Tous les clubs n’ont aussi pas les moyens d’y envoyer leurs athlètes. La coupe de France reste donc notre base de travail. »

4 – Des seniors en recherche de densité
Chez les seniors, les deux « mondialistes » se sont imposés. « On a Thomas (Klemz), bien sûr, qui continue de monter en puissance. Il a montré une belle maturité alors qu’il est encore junior. C’est inspirant car la jeunesse prend le pouvoir avec une belle rivalité qui s’installe avec Lucas Hoffmann, mais aussi Lorick Nour Mauris. Ces trois athlètes incroyables promettent un bel avenir et il sera très intéressant de voir leur progression. La hiérarchie se maintient chez les femmes avec Helvétia Taily qui s’impose face à Maï-Linh Bui dans une finale de haut niveau. Pour tous et toutes, la clé reste celui de la confrontation : il ne faut pas craindre l’adversité. Se confronter à l’autre, c’est se confronter à soi-même. On augmente son niveau avec la concurrence, pas en se protégeant. »

5- Tournés vers les Europe et les Mondiaux
L’horizon ? « C’est évidemment celui des sélections jeunes pour les championnats d’Europe de février prochain, et dans l’immédiat, la préparation des seniors pour les mondiaux. Les critères ont été annoncés avant la coupe de France, mais la sélection officielle viendra un peu plus tard. »
Olivier Remy / Agence Sen No Sen