
Coupe de France et stage kata 2.0 pour le kyokushinkai
Innovations de cette nouvelle saison, la coupe de France kata « nouvelle formule » et le stage qui a suivi ont su immédiatement trouver leur public.
Essai transformé pour le kyokushinkai français. Le week-end dernier, près d’une centaine de pratiquants – dont certains venus depuis La Réunion – se sont retrouvés au gymnase Elisabeth, à Paris, pour deux jours consacrés au kata dans le cadre d’une nouvelle formule sur laquelle Romain Anselmo, expert fédéral, revient. « Jusque-là, la coupe de France ne concernait que les seniors et les vétérans. Cette saison, nous avons souhaité innover sur deux points : ouvrir cet événement dès les benjamins et mettre en place une formule où les compétiteurs s’affrontaient en duel, comme dans un tableau classique avec quarts, demies et finale. Pourquoi ? D’une part parce que ce type de formule donne du piment à la compétition, avec les meilleurs qui émergent, une histoire qui s’écrit et du suspense. D’autre part, parce que cela rend la compétition plus lisible pour les spectateurs. Ils peuvent comparer les prestations des deux concurrents qui s’affrontent, jugées selon plusieurs critères dont notamment l’explosivité, la stabilité, la qualité technique, l’efficacité… »
Une compétition dont les vainqueurs sont originaires du Calvados, des Alpes-Maritimes, de la Moselle, de La Réunion, de l’Eure et des Ardennes. Une diversité géographique intéressante qu’il faut par ailleurs souligner. « Le lendemain, nous avions choisi d’organiser un stage qui avait pour thème les katas en compétition. Et qui de mieux que les deux pratiquants ayant le plus gros palmarès en kata chez les seniors pour l’animer ? », ajoute Romain Anselmo.

Savoir faire abstraction de l’environnement
Des experts pour qui ce fut également une première. « Nous avons eu des pratiquants de la ceinture blanche jusqu’au cinquième dan, débute Alexandre Delahaye, troisième dan et professeur au sein du KNS dojo Maizières-les-Metz en Moselle. Avec Katarzyna (Daniluk, l’autre responsable du stage, NDLR), nous étions contents de l’affluence, car, outre les nombreuses compétitions organisées en parallèle de la coupe de France kata, le lundi était férié. »
Premier à intervenir, Alexandre Delahaye a centré son intervention sur la concentration. « Je leur ai proposé un exercice à faire à deux, en miroir, sur quarante-cinq secondes, soit la durée d’un kata en compétition. Au départ, je propose un exercice avec des nombres en japonais avant de passer à des mouvements. Le but de cet exercice ? Travailler sa concentration. Une qualité indispensable en compétition. En effet, savoir faire abstraction de son environnement, rester dans sa bulle pendant une prestation est une condition nécessaire de réussite dans une compétition, quelle qu’elle soit. » Un éducatif qui déstabilisa au départ… « J’ai lu dans beaucoup d’yeux : “mais où veut-il nous emmener ? “ », s’amuse Alexandre Delahaye, médaillé d’argent la veille chez les seniors masculins, juste derrière son frère Julien et devant un élève du club, Nicolas Casulli. « Je suis heureux car beaucoup de stagiaires m’ont dit avoir apprécié cet exercice que la majorité ne connaissait pas. L’intérêt d’un stage est aussi là : découvrir pour enrichir sa pratique. »

Timing et fluidité
Katarzyna Daniluk, de l’Issa Kyokushin School de la Roquette-sur-Var dans les Alpes-Maritimes, sacrée dans la catégorie senior féminine, avait, elle, choisi de mettre l’accent sur le perfectionnement technique et les attendus du kata. « Pour cette première, j’avais décidé de prendre comme thématique la question du timing et de la fluidité. Bien souvent, on voit des compétiteurs qui se déplacent puis lancent ensuite un coup de poing. Or, ces deux actions doivent être simultanées, réalisées en un seul temps. Une question de timing en somme. Pour travailler cette simultanéité, j’ai pris un kata que nous avons “découpé“ en plusieurs morceaux. Pour chacun d’entre eux, rien de révolutionnaire : kihon basiques et répétitions. J’avais choisi à la fois ce thème et ces exercices, car ils me paraissaient les plus adaptés à l’hétérogénéité du public. » Une intervention dont Katarzyna Daniluk est sortie elle-même ravie. « Les élèves ont montré beaucoup de motivation et d’application. Je remercie Romain Anselmo de m’avoir proposé d’intervenir, car, après réflexion, cela m’a permis d’auto-analyser ma façon d’enseigner. Durant mon intervention, j’ai bien senti que je donnais parfois trop d’informations d’un coup avec pour conséquence les moins gradés qui s’y perdaient un peu. Désormais, je vais m’imposer la chose suivante : des informations simples et des consignes pas trop longues ! ». (sourire)
© Sen No Sen