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Comment Steven Da Costa a écrit sa légende

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De l’extérieur, rien ne semble lui résister. L’alliage d’un karaté de feu et d’un mental en acier lorrain a permis à Steven Da Costa de décrocher son troisième titre mondial. Pourtant, rien n’a été facile le week-end passé en Hongrie. Récit d’un homme avec ses forces et ses failles, qui sait se sublimer. La marque des très grands.

Papp László Budapest Sportaréna, mardi 24 octobre, 12h15. C’est maintenant. Steven Da Costa entre en scène. Il est là pour l’or évidemment, pour devenir, lui, l’unique champion olympique français de karaté sans doute pour un long bail, le seul Français triple champion du monde individuel. Depuis un moment déjà, ceux dont il avait des posters dans sa chambre, ont été dépassés, lesquels l’admettent d’ailleurs tous, avec beaucoup de respect et d’affection.

Ce mardi midi, s’il s’avance avec appétit, Steven Da Costa sait aussi que ce qu’il essaie d’accomplir sera dur, très dur. La concurrence est là, son envie personnelle de gagner aussi bien sûr, mais il se retrouve un peu en bagarre avec lui-même, entre cette furieuse envie de gagner et cette peur de perdre, de ne pas y parvenir en tout cas. « Je suis arrivé trop crispé… » admettra-t-il en fin de journée. C’est le modeste Tunisien Laith Haddaji qui s’avance. Un premier combat au cours duquel Steven ne parvient pas à se libérer. La victoire est là, mais après avoir été mené. « Il a été sauvé par son ura-mawashi, alors que c’était mal embarqué » tique Olivier Beaudry, au moment de retourner en salle d’échauffement. De quoi lui apporter tout de même quelques éléments pour régler la mire face à l’Uruguayen Juan Macedo, un combattant de vingt-six ans, de retour en -67kg après avoir oscillé avec les -75kg et même les -84kg, une catégorie dans laquelle il avait d’ailleurs disputé les mondiaux 2018. Balayé 5-0, le Sud-Américain peut aller dans les gradins pour admirer l’artiste – pas seulement une formule tant de nombreux combattants s’arrêtent pour le regarder combattre – déposer le Jordanien Ghaith Afeef, un transfuge des -60kg, récent finaliste du Premier League de Fukuoka (9-0). Trois combats déjà, avant un quart de finale face au Taïwanais Cheng Chung Shih, habitué du circuit mondial, mais qui plie aussi (5-1), le Français se rendant la tâche facile en s’appliquant à ne pas faire d’erreur.

La recherche de la précision

Il reste deux combats, un ce jour pour accéder en finale. Ce sera face au Kazakh Didar Amirali. À 27 ans, le combattant d’Almaty, médaillé mondial cadets 2011, d’un an plus âgé de Steven, douze fois médaillé sur le circuit Premier League et vice champion d’Asie en titre a décidé de verrouiller le combat. Là encore, sans s’affoler, c’est dans la précision et avec une vigilance constante que Steven construit son combat face à un adversaire qui, s’il avait déjà été battu à plusieurs reprises, lançait des attaques fortes. Un client et pas de karaté champagne cette fois, mais une nouvelle démonstration qu’il faut savoir s’adapter pour gagner. En sortant de cette journée, Olivier Beaudry, fidèle sur la chaise, avouait d’ailleurs : « C’est ça aussi, être champion : réussir malgré la difficulté. Il marque un point en début de combat, il n’en marque pas d’autre. Mais surtout, ce qu’il faut relever, c’est qu’il n’en prend aucun. Trois minutes de combat, zéro point de la part d’un opposant très agressif. Il a su la jouer tactique, c’est ce qu’on attendait de lui. » Ou la capacité du champion olympique à se réinventer.

Magistral

Il restait la finale ce samedi, en parallèle de la compétition par équipes. Pas vraiment un combat comme les autres, même si le staff s’évertuait à évacuer la pression mentale. « On n’a plus de superlatifs pour le décrire : on a envie de dire qu’il va écrire l’histoire du karaté, mais il l’a déjà fait. Maintenant, forcément, un troisième titre mondial, ça se gagne, pas le choix » lançait dans le lobby de l’hôtel, Olivier Beaudry. Ce sera avec le même schéma que la demie face au surprenant Nenad Dulovic, médaillé européen espoirs 2017 et 2019 en -60kg, avec une frayeur tout de même dans ces deux dernières secondes où le vidéo replay vient, logiquement, invalider l’action de jambes du Monténégrin. « J’ai vraiment cru que le rêve s’envolait » glissera Steven Da Costa en sortant du tapis. Il l’a fait. Un monument. « Il ne faut pas minimiser ce que nous avons la chance de vivre : quelle carrière ! Trois titres mondiaux et une médaille de bronze en quatre championnats du monde… Je le revois tête basse et mâchoire serrée sur le podium en 2016, alors qu’il avait dix-huit ans. Perdre, il déteste ça et il a démontré à quel point il était déterminé. Steven est une légende vivante du karaté. J’ai la chance de le vivre à ses côtés, mais nombreux sont les étrangers qui sont venus nous glisser un mot pour ce parcours incroyable, cette capacité à gagner même quand il est moins bien, à revenir dans les combats comme il y a deux ans d’un mawashi dans les dernières secondes, comme en 2018, comme sur ce premier tour contre le Tunisien, comme aux JO où il avait à cœur, malgré une préparation difficile, de montrer qu’il était le meilleur de tous les -60kg et -67kg présents. Ce dernier titre mondial aura été le plus dur à conquérir, et cela lui donne encore plus de valeur. Vraiment : chapeau l’artiste ! » salue, ému, Olivier Beaudry.

« Je me suis mis beaucoup de pression sur les épaules en attaquant ce championnat comme s’il fallait aller décrocher un premier titre, et puis ce premier tour m’a mis une claque, révèle Steven Da Costa. Je me suis dit que si je devais perdre, il fallait au moins que je sois à mon niveau. Je suis vraiment heureux et j’ai même du mal à réaliser. Trois titres… » Un soupir avant de filer vers les siens, dans les bras de son père Michel, de son frère jumeau Jessie aussi, dans son ombre, pièce maîtresse de sa réussite de l’avis de tous, lequel allait permettre à l’équipe combat de décrocher le bronze le lendemain contre le Kazakhstan. L’histoire est magnifique, à la hauteur de ce combattant d’exception.

Olivier Remy / Sen No Sen

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