Championnats d’Europe 2022 : objectif sept médailles… au moins

Difficiles premières

On attendait ce jeudi à Gaziantep que la jeune garde française montre les crocs : Tylla Levacher (-55kg), Rayyan Meziane (-60kg), tout comme le trio kata Lucas Hoffmann-Hugo Poisson-Haron Weiss ainsi que Hendrick Confiac et Younesse Salmi, en équipe, disputaient en effet leurs premiers championnats d’Europe. Il faut parfois perdre pour apprendre et les techniciens, repoussés d’entrée avec un 20.94 sur leur goju shiho sho qui ne leur assurait que la quatrième place de leur poule devront le digérer, le staff croyant beaucoup en cette équipe et son état d’esprit. Tout comme Tylla Levacher et Rayyan Meziane. Révélation des derniers mois avec notamment sa finale au Paris Open à tout juste dix-huit ans, la combattante de l’AAS Sarcelles est tombée d’entrée sur la Suédoise Rosenlind, championne d’Europe espoirs 2021. Une défaite 1-4 face à une adversaire qu’elle n’a sans doute pas fini de croiser. Quant à Rayyan Meziane, il perdait dans les ultimes secondes de son premier tour face au géorgien Tkebuchava, un combattant de 33 ans, cinquième des championnats d’Europe 2019, qui possède visiblement l’expérience qui a fait défaut au combattant de Puteaux.

Steven Da Costa : « Cela devait arriver »

Deux défaites trop rapides donc alors que juste avant eux, le leader de l’équipe de France, Steven Da Costa (-67kg) avait semblé mettre de côté ses petits pépins physiques aux ischios et à une fesse en dévorant tour à tour le Géorgien Khvedeliani (10-1), le Suisse Brunner (8-0) puis l’Israélien Gaigy (8-0). De quoi s’inviter en demi avec, face à lui, le Grec Xenos, récent vainqueur du K1 de Rabat et surtout champion d’Europe en titre. Las, comme il l’explique, le double champion du monde et champion olympique, ne s’est jamais vraiment senti en rythme… « Malgré les balayages et les ura-mawashi, les scores des tours précédents ne reflètent pas mes sensations. Il y a eu beaucoup de points mais il n’y a pas eu de bons temps. Du coup, je perds ce combat de demie 0-1 sans jamais vraiment trouver la solution. Je manque de jus, je suis fatigué même si je suis entraîné. Il fallait que ça arrive… » Difficile de se concentrer sur autre chose que l’or pour lui. Il reste pourtant une médaille de bronze à aller chercher et ce sera contre le Croate Berak, médaillé européen espoirs 2017. La France en a besoin.

Niswa Ahmed au rendez-vous

L’équipe comptera aussi sur la petite bombe des -50kg, Niswa Ahmed, qui dispute également ses premiers championnats d’Europe seniors et qui n’est pas passée loin de la finale, comme elle l’explique : « je sentais qu’il y avait la place et dès le premier combat, j’ai déroulé et fait ce que je savais faire (victoires contre l’Israélienne Coral, championne d’Europe juniors 2013 5-0, puis face à la Roumaine Cucu 2-1, NDLR), avant de faire l’erreur qu’il ne fallait pas contre cette Italienne (Perfetto) en quarts où je me prends un mawashi sur une mauvaise gestion de mon déplacement en bordure… En repêchage, je me suis dit, sur les conseils de Yann (Baillon), qu’il ne fallait pas sortir de ma compétition, et je gagne 2-0 contre cette Chypriote (Kontou). » La combattante de Thiais, vingt ans, s’offre ainsi la possibilité d’une médaille de bronze. Pour cela, il faudra battre la Luxembourgeoise Hoffmann de trois ans son aînée et médaillée aux championnats d’Europe espoirs en 2018. « Sur la même dynamique, l’erreur du jour en moins » promet-elle.

Olivier Beaudry, entraîneur national qui sait ce que gagner une médaille sur un championnat continental veut dire (quatre médailles individuelles dont deux titres en 2004 et 2006) faisait le bilan du jour. « C’est le constat d’une journée très frustrante pour Steven et Niswa. Deux parcours différents évidemment. Steven a marqué facilement, presque trop facilement sur ses premiers combats. En demi, Xenos avait bien préparé son plan, cela s’est joué à un contact car je pense que Steven marque le point en même temps que le Grec. Clairement, ce n’était pas le Steven renversant que nous connaissons. Il faut aussi accepter de ne pas gagner tout le temps, cela permet de repartir au travail. Quant à Niswa, nous l’avons vue très concentrée, précise, avec un karaté d’excellent niveau, jusqu’à cette erreur, qui est aussi celle d’un manque d’expérience. Elle a déjà un peu appris. Elle sait qu’elle doit transformer cela en une médaille de bronze pour repartir plus forte à la maison. »

Le trio kata féminin veut doubler la mise

On attendra aussi une nouvelle médaille, après celle de l’an passé, du trio kata formé par Laura Pieri, Alexandra et Laëtitia Feracci. Avec un très juste kata kururunfa dans la poule 2, les Françaises se sont en effet classées deuxièmes derrière l’Italie avec un 24.28. Une autre médaille de bronze à aller chercher comme le souligne Ayoub Neghliz. « Deux notes au-dessus de 24.00, c’est très bien. Mais rien n’est fait, c’est un championnat d’Europe difficile, plus difficile que l’an passé je pense car ces Portugaises sont fortes, déjà sur le podium 2021, même si l’équipe a été renforcée avec Alexandra. Dimanche, il faudra être précis sur les coups de pieds, sur l’engagement. Il faudra être très bon, les filles le savent. »

Enfin, notons que les deux équipes combat ont remporté aujourd’hui leur premier tour. Les masculins battent ainsi la Suède sur un 3-0 sec grâce à Hendrick Confiac, Younesse Salmi et Jessie Da Costa, première étape dans le projet de reconquête d’un podium qui les fuient depuis 2017. C’est la Slovaquie, victorieuse de la Hongrie, qui se présente au deuxième tour. De leur côté, les féminines, vice championnes du monde en titre, ont dominé sereinement la Roumanie grâce à Jennifer Zameto et Léa Avazéri. Elles seront opposées demain à l’Italie, médaillée de bronze lors des derniers championnats d’Europe et du monde lors d’un deuxième tour de feu.