Championnats de France des ligues régionales : la parenthèse enchantée
Événement à part dans le calendrier, ce rendez-vous des championnats de France des ligues régionales parvient à rassembler, le temps d’un week-end, tout ce qui fait le sel de la pratique du karaté au quotidien : engagement, intergénérationnalité et cohésion. Une magie qui a de nouveau opéré le week-end dernier à Marseille.
Les vingt-cinq équipes qui se sont alignées dans les trois tableaux proposés – équipes minimes-cadets-juniors féminines et masculines, mêlant trois techniciens et six combattants, et équipes seniors mixtes en combat – au Palais des Sports ne le savent peut-être pas encore, mais elles viennent de se créer des souvenirs gravés à jamais dans la cité phocéenne. En compagnie de celles et ceux qu’ils ont plutôt l’habitude d’affronter lors des joutes régionales, ou de suivre d’un peu plus loin lorsque la différence d’âge s’avère trop importante, tous ont cette fois dû faire corps pour défendre les couleurs de leur ligue. « De mon point de vue, c’est vraiment sur cet aspect que réside la valeur ajoutée de cette épreuve, apprécie Jérémie Maruani, entraîneur régional kumité de la ligue Île-de-France. Dans notre discipline, nous apprenons énormément en observant le professeur, l’aîné, le camarade, et cette transmission passent évidemment par des week-ends comme celui-ci, où le minime est logé à la même enseigne que le senior. C’est une belle leçon de vivre ensemble que nous offre chaque saison cette compétition, qui se prépare en amont avec un stage de cohésion pour les vingt-huit sélectionnés, représentant cette année quatorze clubs de notre ligue. Ce qui est appréciable, c’est de voir les plus aguerris prendre naturellement les autres sous leur aile, par exemple pour leur éviter les écueils liés au stress. »
Le kata partie prenante
Parmi les clés de l’enthousiasme que génèrent ces championnats, où l’honneur de sa région prime devant les enjeux individuels, l’intégration de trois duels en kata (aux premier, quatrième et septième rangs dans l’ordre de passage des neuf affrontements) dans les deux tableaux jeunes est régulièrement mise en avant. « Nous qui nous démenons, avec toute l’équipe technique régionale, pour multiplier les connexions entre les techniciens et les combattants tout au long de la saison, par des stages prévus aux mêmes dates lorsque le calendrier et la logistique le permettent, nous ne pouvons que nous réjouir de cette proposition offerte à nos licenciés, assure Julien Vignaud, entraîneur régional kata de la ligue Nouvelle-Aquitaine, finaliste dans les deux tableaux. En termes de moments de convivialité et de rencontres, difficile de faire mieux que ces trajets et ces nuitées passés ensemble. Sans oublier bien évidemment l’épreuve elle-même, qui voit l’esprit du karaté s’emparer de toute l’équipe, qui ne fait alors plus qu’une. Tout le monde soutient tout le monde, chaque point et chaque prestation sont célébrés comme il se doit. On ne peut qu’adhérer à la démarche. »
Avec en prime le fair-play, comme pouvait se satisfaire Charles Farrugia, président du comité départemental des Bouches-du-Rhône qui a œuvré à l’organisation avec le service compétitions de la fédération. « L’aspect sportif est comme relégué au second plan, dépassé par le plaisir partagé d’être là et d’appartenir à un collectif d’envergure. Cela aide pour aboutir à des championnats sereins, desquels tout le monde repart heureux, boosté par cette ambiance qui fait chaud au cœur. Pour nos locaux, il y avait en prime un petit millier de spectateurs qui ont donné de la voix pour pousser nos trois équipes, et notamment aider nos jeunes filles à aller conquérir le titre, comme en 2019. »
Un tremplin vers les championnats du printemps
Quelques minutes avant de s’imposer en finale pour priver l’Île-de-France d’un nouveau triplé, les neuf protégées de Lonni Boulesnane, entraîneur régional kumité de la ligue PACA, jouaient encore à fond leur rôle de supportrices lors du premier tour de l’équipe seniors mixte. « Cette ambiance de dingue qu’elles ont mise avec les masculins fut un incroyable moment de fraternité qui m’a vraiment touché, raconte l’ancien international. Cette synergie va dans le sens que nous donnons à ces championnats, à savoir un bonus dans la saison. L’effet collectif aidant, je vois des jeunes athlètes plus relâchés, débordant d’envie sur le tapis pour ramener un point pour son équipe. Et en plaçant ce tournoi avant les différents championnats de France (kata les 30 et 31 mars à Lille, combat seniors les 6 et 7 avril à Bourges, cadets le 21 avril à Montauban, minimes les 27 et 28 avril à Vannes) et juniors les 4 et 5 mai à Verquin, NDLR), se crée une force que nous allons tout faire pour conserver en vue de ces échéances qui focalisent l’attention de la majorité des compétiteurs. L’état d’esprit de ces championnats des ligues régionales va donc loin au-delà de ce week-end. » Vivement l’édition 2025 !
