

Brême 2014 : Paroles d’arbitres
Ils étaient quatre ici, à Brème, quatre mousquetaires de l’arbitrage français, choisis parmi les huit arbitres mondiaux de France. Paco Martinez (Rhône-Alpes), Bruno Verfaillie (Flandre-Artois), Denis de Ranieri (Marseille) et Hugues Micholet (Île-de-France). Leur championnat du monde à eux ? Leurs interrogations ? Leurs avis ? Morceaux choisis.

Comment prépare-t-on un championnat du monde ?
« Pas besoin de footing, le terrain n’est pas si grand » plaisante Paco Martinez. L’ambiance de la discussion est à la blague, mais on les sent très sérieux sur le sujet. « L’arbitrage, ça se prépare sur le tapis, avec nos élèves et nos partenaires » disent unanimes tous ces enseignants de karaté. « Le plus important c’est d’être trois à cinq fois par semaine sur le tapis » insiste Paco Martinez. « Pour la compétition, notre barème c’est le championnat de France. Nous avons la chance d’évoluer dans l’une des plus grandes nations de karaté du monde, c’est plus facile » rappelle le Marseillais Denis de Ranieri. Mais pour être validée leur présence doit s’accompagner d’une sorte de passage de code systématique, un QCM de 70 questions piochées parmi 200 possibles. Cinq fautes et leur permis de conduire les combats mondiaux n’est pas validé.
« Il faut comprendre que nous avons tous quelque chose à passer, en plus du jugement final sur notre prestation » explique le Lillois Bruno Verfaillie. Pour lui c’était le premier niveau de la licence d’arbitrage pour le kata. Paco Martinez vient, lui, de valider l’ensemble et rejoint Hugues Micholet comme arbitre capable d’officier au niveau mondial aussi bien en kata qu’en combat.
Comment jugez-vous l’arbitrage sur ces championnats du monde ?
« On sent que la nouvelle règle qui consiste à répartir les rôles entre l’arbitre et les juges de coin et désormais bien comprises par tous. » juge Micholet. Ils sont d’accord pour considérer que tous les postes sont intéressants à tenir et se complètent. Le juge sur sa chaise doit être pertinent et capable de donner les points à bon escient en restant lucide à la fin d’un combat serré, mais l’arbitre central reste un rôle intéressant à tenir comme l’explique Bruno Verfaillie : « Il faut l’intelligence de la situation. Un combat peut vite dégénérer si il n’est pas bien conduit ».
Quelle est la tendance du moment dans l’arbitrage mondial ?
Nos quatre arbitres français sont ravis. Pour Hugues Micholet « le karaté français continue à être une référence. Nos arbitres sont consultés et même si nous n’avons pas toutes les finales, ils sont souvent placés sur les combats délicats, avec les combattants forts et difficiles à arbitrer ». « Désormais on nous dit dans les briefings qu’il faut valider les points plutôt que de pénaliser systématiquement des contacts » se félicite Bruno Verfaillie. « Sous l’influence de Francis Didier, nous avions deux longueurs d’avance dans le karaté français et nous étions parfois un peu déstabilisé car nous n’étions pas en phase avec ce qui se faisait à l’international. Cette idée d’un karaté offensif et spectaculaire a convaincu et nous sommes désormais plutôt en fer de lance ».
Comment percevez-vous les effets de la vidéo ?
Quelques inquiétudes ponctuelles s’expriment et des débats contradictoires s’engagent. Paco Martinez dit la difficulté qu’il y a à voir quatre juges qui ont décidé à l’unanimité, désavoué par un juge vidéo. « C’est très dur quand tout le monde est d’accord pour lever un drapeau rouge, qu’on nous dise que le point bleu est valable aussi. ». On s’interroge aussi sur la multiplication des demandes de vidéo par les entraîneurs, voire par les athlètes eux-mêmes. « Il faut faire attention à ce que cela ne devienne pas un procédé et que l’arbitre au centre du tapis, avec ses juges, soient respectés » rappelle Hugues Micholet. Mais Denis de Ranieri positive. « C’est aussi une règle qui va dans le sens d’un karaté avec plus de points. Rappelons qu’on ne peut demander que de vérifier si un point n’a pas été oublié ».
Que préférez-vous arbitrer ?
Hugues Micholet est œcuménique. Il aime arbitrer aussi bien le combat que le kata. Pour Paco Martinez le meilleur, c’est tout de même « une grande finale par équipes ». Bruno Verfaillie, sans malice, préfère les filles : « ça va vite et en général elles ne truquent pas ». Quant à Denis de Ranieri c’est « l’Azéri Rafael Aghayev évidemment. Il est tellement imprévisible… ».