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Anne-Laure Florentin – « Pour une égalité normale »

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Il y a peu sur les tapis de compétition, encore engagée dans une démarche olympique, finalement arrêtée par les effets du covid-19, Anne-Laure Florentin n’est pas restée à se morfondre, ni inactive longtemps. Elle est désormais en charge, sous l’œil de la Fédération comme du Ministère, d’une mission importante concernant la promotion du karaté féminin.

Tu annonçais il y a peu une retraite anticipée liée aux effets d’une contamination au covid-19. Question simple : comment vas-tu ?

Bien, physiquement et mentalement. C’était bien-sûr compliqué pour moi sur le moment, mais l’annonce officielle de ce retrait m’a permis de faire rapidement le deuil, et en même temps de mesurer que j’étais entourée et soutenue, par mes proches comme par la Fédération. Très vite, j’ai pu me tourner à fond vers de nouveaux projets. Depuis le 1er juin j’ai accepté une mission pour le Ministère des Sports, au sein de la Fédération Française de Karaté, pour mettre en place un plan de féminisation de la discipline. Pour être précis, il s’agit d’un plan d’actions pour promouvoir et contribuer à développer la pratique féminine. Il y a aussi un volet important autour des différents types de violences, notamment sexuelles, dans nos sports, qu’il s’agit de mettre en lumière et d’éradiquer, la Fédération y tenait particulièrement. J’étais déjà ambassadrice de l’association fondée par Laurence Fischer, « Fight for Dignity », nous allons faire évoluer ça vers un partenariat, comme avec d’autres associations orientées vers la sensibilisation et l’action.

Peux-tu nous décrire les contours de tes actions à venir ?

C’est un peu tôt pour dévoiler un plan complet, j’y travaille toujours. Globalement, je souhaite proposer une série d’actions impactantes pour faire bouger les choses, pour sensibiliser aux thématiques de la pratique féminine – je n’ai pas dit problématiques, car je pense que, en l’occurrence, il n’y a pas de problème, juste une nécessité de promouvoir, de mieux faire connaître et de mieux comprendre. Nous mettrons en place des webinaires et tous les moyens potentiels pour mettre en avant les femmes de la Fédération, dans le but d’attirer de nouvelles pratiquantes vers nos dojos. Il s’agira d’aider les responsables, jusque dans les clubs, à comprendre ce qui peut permettre à plus de femmes de pratiquer. Le karaté est déjà autour de 36 % de licenciées féminines. Le projet consiste donc surtout à continuer de permettre aux femmes de s’épanouir tranquillement, d’être de plus en plus nombreuses dans nos disciplines, et de faire en sorte qu’elles puissent contribuer toujours plus à nous permettre de proposer une pratique plus riche car plus complète, plus harmonieuse, comme la présence des femmes au cœur de la société a permis de le faire de façon globale. Il s’agit d’atteindre une égalité normale, si j’ose dire, et à terme, de féminiser aussi plus largement les instances dirigeantes. Rien de plus, rien de moins.

Comment envisages-tu le volet des violences sexuelles ? De la violence dans le sport ? Penses-tu qu’il y a des problématiques spécifiques aux pratiques martiales à ce niveau ?

Là, on peut effectivement parler de problématiques. En ce qui concerne les violences sexuelles, il est important que les victimes se sentent accompagnées, ce que nous allons faire en lien avec les actions du Ministère. Là encore, il faudra beaucoup sensibiliser dans les clubs à travers les moyens de communication habituels et des webinaires avec des psychologues, des médecins du sport. Cette sensibilisation doit concerner toutes les victimes potentielles, au-delà des féminines. Il faut aussi envisager la violence globale, celle qui pourrait exister dans les rapports humains que nous développons. Mais, pour répondre à la question de la spécificité à ce niveau des pratiques martiales, bien-sûr il peut y avoir encore une mentalité un peu masculine, mais je ne ressens pas de brutalité particulière au sein du karaté. La présence déjà importante des femmes dans notre discipline, mais aussi, sans aucun doute, la valorisation dans notre culture de certaines valeurs, de certains comportements, comme le respect ou la courtoisie, y est pour quelque chose.

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