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Aito, l’esprit guerrier

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Made in Polynésie
Discipline martiale de self-défense rattachée à la Fédération Française de Karaté, l’aito synthétise plusieurs techniques opérationnelles de percussion, de projection et de combat au sol mixées à un héritage traditionnel polynésien. Ainsi, la pratique codifiée rend-elle dès le départ hommage à ses origines polynésiennes. Aito en référence à ce « bois de fer » rouge très résistant que l’on retrouve dans les massues des guerriers marquisiens. Aito, comme mention récurrente dans la légende polynésienne qui désigne ainsi le « guerrier protecteur ». Et on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec le haito japonais, la face tranchante de la main… Une pratique guerrière fruit du métissage ethnique aux arguments martiaux d’efficacité pratiquée dans quelque 1500 clubs dans le monde et mise en valeur en France par ses fondateurs, Thierry Delhief et Guillaume Moreau, qui en ont aussi fait un acronyme pour Armes Intermédiaires pour Techniques Opérationnelles. Fabrice Michalik, agent et formateur dans la sécurité, affectionne surtout la liberté de mouvement de sa discipline : « On peut vraiment s’exprimer dans ce que l’on aime faire avec peu de contraintes et un large champ de techniques tout en étant dans un cadre de combat légal à l’extérieur. » Un mètre soixante-cinq pour cinquante-cinq kilos, Pauline Lame, 24 ans, réserviste opérationnelle s’est prise au jeu il y a trois ans sans expérience martiale mais après avoir rencontré le formateur en Gendarmerie Renaud Delpy, au club de Metz, au cours de sa formation de réserviste opérationnelle. Techniques de contrôle, projections, clés, armes traditionnelles de type tonfa ou plus modernes tels que les pocket sticks, elle a appréhendé un nouveau monde et analyse son rapport à la discipline : « Ça me permet vraiment de mieux anticiper et de savoir que je peux être capable de prendre les décisions si je me trouve dans une situation difficile.»

Richesse technique

« Apprendre à respirer et à gérer son stress, développer la confiance en soi, connaître ses limites, sont autant d’objectifs que l’on peut atteindre grâce à une pratique de l’aïto », énonce Guillaume Moreau qui veut surtout placer la pratique sur le terrain de l’exigence technique. « Maîtriser les gestes, c’est être crédible face à un adversaire, être capable d’évaluer les risques, faire face à l’opposition que ce soit en situation d’infériorité ou de supériorité numérique. Bref, on travaille sur la technique mais aussi sur la personne pour lui apporter une perception juste des choses et des situations. » Sur le plan des attendus techniques, l’aito propose un système classique de progression par ceintures. L’étude des techniques d’esquives et de blocage pour accéder à la ceinture jaune, celles de percussions et de maintien à distance ensuite, puis les désarmements, les amenées au sol et les techniques de contrôle au sol pour le niveau ceinture marron. Des axes de travail confortés par l’expérience des professeurs d’une quarantaine de clubs français (pour un peu plus de mille pratiquants). Les influences de la boxe, du karaté mix, du karaté traditionnel sont aussi palpables. « C’est ce mélange, cette ouverture qui m’intéresse, explique Cédric Foucault, 38 ans, qui a déjà tâté plusieurs sports de combat. Je sais qu’avec cette pratique, je fais quelque chose qui a du sens, qui peut m’être utile un jour, et qui me défoule bien. »

Une coupe de France qui rassemble

Ces influences martiales multiples, on les a récemment retrouvées à l’île de Ré lors de la coupe de France de la discipline organisée avec le soutien du comité départemental de Charente-Maritime. Une cinquième édition où participaient notamment des clubs des Yvelines, du Grand Est, du Sud… Un moment festif et de partage, avec un objectif intangible pour Renaud Delpy, professeur depuis 2007, sur lequel il revient au gré des discussions. « Former des citoyens responsables et respectueux de la loi est indispensable dans la société d’aujourd’hui. Nos disciplines martiales sont un socle pour construire cette vision-là et ce genre d’événement permet d’en prendre conscience. » À l’heure où la demande de self-défense demeure forte comme celle sur le combat libre sous toutes ses formes, le public, au départ surtout concentré autour des professionnels de la sécurité, s’élargit petit à petit, avec l’argument essentiel d’une pratique sécurisée. « Il y a une demande des adolescentes qui viennent au départ par une connaissance de la gendarmerie, des femmes qui veulent apprendre à se protéger, des hommes qui cherchent un cadre de combat et que l’on va pousser un peu plus sur le plan physique », explique Guillaume Moreau. Promouvoir une discipline encore intimiste, l’aito a tous les éléments pour y parvenir.

Audrey Poussines et Olivier Remy / Sen No Sen
Photos : Denis Boulanger / FFK et DR

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