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AMV, passion et petits bonheurs

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La coupe de France d’arts martiaux vietnamiens interstyles a rassemblé plus d’une centaine de jeunes participants, accompagnés de leurs professeurs ce dimanche. L’occasion de s’intéresser à quelques petites histoires individuelles, reliées par une trame commune : la passion de la discipline.

Les années passent, mais il semble que le temps n’ait pas réellement d’emprise sur elle. La coupe de France d’arts martiaux vietnamiens interstyles – la vingtième du nom, déjà ! – s’est déroulée dimanche dernier, sur les tapis de l’Institut du Judo (Paris XIVe). Des poussins jusqu’aux minimes, garçons et filles, ils étaient plus de cent à concourir. Parmi eux figuraient cinq élèves de Jean-Yves Cazac. « C’est très important pour eux de participer à ce genre de compétitions, affirme le professeur de 35 ans. Cela leur permet de se confronter à des pratiquants issus d’autres écoles et qui ont donc une autre approche de la discipline. C’est aussi une manière de leur fixer un challenge, de les inciter à sortir de leur zone de confort. »

Jean-Yves Cayzac. Photo : Aurélien Morissard/FFK

Il faut dire qu’en matière de défis à relever, Jean-Yves en connaît un rayon. Cet élève de Maître Phan Toan Chau n’avait que vingt-trois ans lorsqu’il a fondé, avec plusieurs amis, l’école Tay Son Vo Dao de Pontoise. « Nous nous sommes lancés dans cette aventure avec deux objectifs en tête : transmettre notre passion au plus grand nombre et nous impliquer dans le développement des arts martiaux vietnamiens, tant à l’échelle locale que nationale » explique-t-il. En enseignant avisé, Jean-Yves (5e dan) insiste sur « le besoin de se faire plaisir tout en donnant le meilleur de soi-même. » Pour Nayl, le message n’a aucun mal à passer. « Jean-Yves sait comment s’y prendre pour nous intéresser et nous faire progresser, assure le combattant pontoisien, qui a terminé premier dans sa catégorie. Il est encore plutôt jeune, et je pense que c’est en partie pour cela qu’il a un bon contact avec nous. »

Savoir trouver les mots justes

Des similitudes existent entre le parcours de Jean-Yves et celui de Julie Da Silva. Elle aussi a été à l’origine de la création de son club, le Lam Son Vo Dao de Poissy, né il y a six ans. « C’est encore une très jeune structure » s’amuse la jeune femme, qui a d’abord pratiqué le karaté avant d’avoir un coup de cœur pour les AMV. « Je voulais absolument apprendre à faire des ciseaux volants, avoue-t-elle. Mais tout m’a plu : l’importance de l’aspect technique, la possibilité d’alterner entre les différentes armes ou même de combattre à mains nues… et cela en conservant l’esprit martial originel, bien entendu. »

Julie Da Silva. Photo : Aurélien Morissard/FFK

Dix des quelque cent trente licenciés du club étaient engagés lors de cette coupe de France qui, aux yeux de la professeure de 32 ans, n’a jamais été un rendez-vous à prendre à la légère. « Nous commençons la préparation quelques semaines en amont, avec notamment des stages programmés durant les vacances scolaires » détaille-t-elle. Assise sur sa chaise pendant les combats, la coach francilienne n’est jamais à court de conseils pour ses protégés. À l’image de ceux donnés à Bilge qui, après la pause, a su renverser une situation pourtant mal embarquée. « Julie m’a remis les idées en place, elle a su dire ce qu’il fallait pour me rassurer » raconte, soulagée, la pratiquante de onze ans. Cette faculté à trouver les mots justes ne surprend pas Patrick Da Silva, mari de Julie et également enseignant au sein du même club. « Grâce à sa formation de professeure des écoles, Julie sait parfaitement comment communiquer avec les enfants, confirme-t-il. Durant les cours destinés à ce public, c’est elle qui prend les choses en mains et je me contente de l’assister. En compétition, elle a l’habitude de superviser les filles, car elle connaît leur sensibilité et parvient à les mettre en confiance. »

Duo complémentaire

Les arts martiaux vietnamiens sont donc une composante indissociable du couple formé par Julie et Patrick, ensemble sur le tapis comme à la ville. À l’ESVL Viet Vo Dao, c’est même une affaire de famille. Franck Baronnet dirige ce club situé dans les Alpes-Maritimes. Sa femme, Sylvie, s’occupe de la trésorerie. Leur fille y donne des cours avec son compagnon, qu’elle a justement rencontré à l’occasion d’une compétition. « En grand fan des films de combat, je ressentais cette envie de me mettre aux arts martiaux, et c’est comme ça que j’en suis arrivé là » se souvient Franck, finalement devenu président de la structure sans avoir fait acte de candidature au préalable. « Il a très vite eu besoin d’une trésorière, alors je l’ai rejoint à ce moment-là » sourit Sylvie, qui pratique la discipline depuis une dizaine d’années.

Franck Baronnet attentif à la jeune Célia. Photo : Aurélien Morrisard/FFK

Venus de Villeneuve-Loubet, Franck et Sylvie n’accompagnaient qu’une seule engagée lors de cette Coupe de France, Célia, neuf ans. « Notre présence commune était nécessaire, car nos rôles sont complémentaires, décrypte la mère de famille. Mon mari sait comment prendre en charge Célia, lui donner les petits conseils qui l’aideront à faire la différence techniquement. Moi, je suis plus dans l’affect, j’essaie d’être une figure rassurante pour elle ». « C’est mieux qu’ils soient là tous les deux, souffle la jeune fille, dont la timidité apparente s’efface une fois son plastron enfilé. Je ne pense qu’à gagner, parce que nous n’avons pas fait tout ce chemin pour me voir perdre ! » Mission accomplie avec brio, puisque l’Azuréenne a dominé ses deux adversaires dans la catégorie pupilles.

Tomber pour mieux se relever

Fait de moments de joie, l’apprentissage de la discipline passe aussi, inévitablement, par des désillusions. Aurian et Basile en ont fait l’expérience ce dimanche. Et même si la médaille reçue sur le podium leur a redonné le sourire, il n’a pas fallu bien longtemps pour comprendre que les deux minimes âgés de douze ans, licenciés à l’Institut de Vovinam Viet Vo Dao de Paris, étaient déçus. « J’ai perdu mon seul combat et, en plus, je me suis un peu blessé, donc pour le moment j’ai du mal à trouver des points positifs, » soupire Aurian en maintenant une poche de glace sur sa hanche. « J’étais trop en dedans au début, je n’osais pas lâcher mes coups, analyse Basile. Je peux m’en mordre les doigts, car c’était bien mieux ensuite. »

Grégory Foiry, Aurian et Basile ses élèves. Photo : Aurélien Morissard/FFK

Leur professeur, Grégory Foiry, a pris davantage de recul. « C’est ce que l’on peut aussi apprendre de la compétition, comme cela qu’ils peuvent progresser, analyse-t-il. En compétition, ils engrangent de l’expérience et apprennent à se confronter à autrui. Moi, je peux mieux cibler leurs défauts et les aider à les corriger. » Tous deux élèves en classe de cinquième, Aurian et Basile ont, en plus des cours, un emploi du temps très chargé en termes d’activités extrascolaires. Mais ils le promettent d’une même voix : « Hors de question de laisser les AMV de côté ! » Les deux camarades sont d’ailleurs déjà projetés vers la prochaine compétition. Histoire, justement, de récolter les fruits de leur progression.

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Raphaël Brosse / Sen No Sen

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