
Coupe du monde par équipes, J-7
Pampelune s’apprête à accueillir la Karate World Cup, une toute nouvelle formule de compétition, uniquement par équipe. Explications des attentes et des enjeux avec Yann Baillon, directeur technique national.
Une première
« Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette coupe du monde par équipes ne ressemblera à aucun championnat du monde par équipes, dont on a l’habitude qu’il soit couplé avec les individuels. Autant il est parfois difficile pour certaines nations d’engager des athlètes sur les deux tableaux avec le même niveau de motivation, autant pour nous qui possédons une culture du par équipes et une capacité à se mobiliser collectivement, autant là, c’était plutôt une force. Cette fois, tout le monde se retrouve logé à la même enseigne. C’est la crème de la crème qui se présente à Pampelune la semaine prochaine : seulement vingt équipes, mais avec un niveau très dense, en kata comme en combat, avec huit engagés en combat masculin et cinq en combat féminin, une nouveauté là-aussi. »
Chaque combat va compter
« À chaque tour, il faudra aller au bout des cinq combats, même si l’on mène 3-0, les points marqués comptant dans le goal average pour le classement de chaque poule dont il faudra sortir parmi les deux premiers pour rejoindre les quarts de finale. Nous avons l’habitude d’être de fins tacticiens, avec un placement des combattants qui a toujours été très important. Cette fois, ce sera complètement différent. Quart et demie le samedi puis finale le dimanche, voire une place de troisième qu’il faudra potentiellement aussi aller chercher sur un ultime combat car il n’y aura qu’un seul troisième sur le podium. Bref, chaque combat va compter dans un format, je le dis, que nous n’apprécions pas trop car je trouve que l’on dénature un peu le championnat du monde qui est, de fait, réservé aux grosses nations alors que la beauté d’une telle compétition était historiquement de prendre des équipes du monde entier. »
Les adversaires de la France
« En kata, le niveau va être très élevé, parce qu’on sait très bien que le Japon, champion du monde chez les filles comme chez les garçons, est intouchable, très clairement, et qu’après, les places sont très chères puisqu’on a l’Italie, l’Espagne, la Turquie et puis des équipes qui peuvent aussi se montrer très fortes comme l’Égypte et le Portugal chez les filles. Il faudra arriver à se créer un chemin parmi ces équipes-là pour monter sur le podium. Nos féminines Maïh-Linh Bui, Marie Bui et Léa Severan sont dans la poule des Japonaises, championnes du monde en titre, du Portugal, des Philippines et du Maroc ; les masculins ont, eux, hérité du groupe C suite au tirage au sort organisé le 21 octobre dernier à Madrid*. La jeune équipe composée de Lucas Hoffmann, Tom Peltier et Mahel Stassiaux sera avec l’Espagne, le Koweït, Hong-Kong et le Pérou. En combat masculin, le tirage au sort nous a désigné le Kazakhstan, la Grèce, les États-Unis et le Kosovo comme adversaires de poules, nos féminines héritant de l’Espagne, du Chili, de la Chine et du Maroc. »

Attentes et préparation
« Il y a eu plusieurs modes de qualifications. L’équipe kata féminine s’est qualifiée grâce à sa médaille de bronze aux championnats d’Europe, les masculins grâce à leur cinquième place alors qu’en combat, l’équipe masculine s’est qualifiée grâce à son podium aux championnats du monde 2023 et les féminines avec leur podium aux championnats d’Europe de Zadar cette année. Pour les masculins, nous sommes dans la continuité avec ce collectif qui compte Raybak Abdesselem, Enzo Berthon, Kilian Cizo, Mehdi Filali, Ryan Gari, Amine Hellal, Thanh-Liêm Lê et Younesse Salmi… à ceci près que les frères Steven et Jessie Da Costa ne sont plus dans l’équipe. Ce sont deux athlètes d’exception qui ont beaucoup apporté sur le plan du leadership pendant des années, capables d’emmener le reste de l’équipe avec eux, d’élever son niveau et de faire basculer les combats décisifs, comme celui des derniers championnats du monde pour Jessie lors du cinquième combat pour le bronze. Les championnats d’Europe de Zadar en mai dernier, ont montré que le groupe possédait un niveau intéressant. À cette équipe de hisser encore son niveau, aux nouveaux leaders de s’affirmer et que chacun prenne ses responsabilités pour que cette équipe écrive sa propre histoire. L’équipe féminine, elle, s’est qualifiée via les championnats d’Europe après avoir raté les championnats du monde où l’équipe de France était en finale depuis plus de dix ans, avec une médaille d’argent quand elle ne décrochait pas le titre. Elles ont à cœur de prendre leur revanche et c’est pour cela que nous avons reconduit le groupe. Un mélange entre expérimentées (Alizée Agier et Léa Avazéri) et plus jeunes (Jennifer Zameto et Thalya Sombe), auxquelles nous avons associé Sydney Yvon, qui fait de bonnes performances depuis quelques années chez les jeunes, et possède un karaté qui a beaucoup d’impact. Nadir Benaïssa et Lolita Dona ont travaillé pour créer de la cohésion forte entre elles. Elles ont l’Espagne, championne du monde 2023, dans leur poule et avec qui nous avons travaillé cette saison lors de la préparation à Montpellier avec des test-matches, cela va les mettre dedans. »
© Sen No Sen

*L’ensemble des poules est à retrouver ici
Repères
Les résultats des mondiaux 2023 (Budapest, Hongrie)
Kata féminin : 1. Japon, 2. Italie, 3. Espagne et Égypte
Kata masculin : 1. Japon, 2. Turquie, 3. Espagne et Italie
Combat féminin : 1. Espagne, 2. Japon, 3. Kosovo et Croatie
Combat Masculin : 1. Jordanie, 2. Égypte, 3. France et Italie