

William Geoffray rejoint la DTN !
Ancien athlète de Haut-Niveau, William Geoffray, 3è dan, vient d’être nommé Conseiller Technique National au sein de la Fédération Française de Karaté et Disciplines Associées, par le Ministère des Sports. Parcours, missions, ambitions… Entretien.

« Le karaté m’a construit »
Après s’être essayé à différentes pratiques sportives, telles que l’escalade, le vélo, la course… William Geoffray s’est tourné vers le karaté. S’il a poussé les portes du dojo de Pélussin (Loire) à l’âge de huit ans, c’était plus par hasard que par détermination. « Je cherchais un sport avec l’aide de mes parents, confie l’ancien athlète, et comme pas mal d’enfants de mon âge j’étais fan des films d’art martiaux… Ils m’ont donc proposé de m’essayer au karaté. Un coup du hasard qui a fini en coup de foudre ! »
Au revoir timidité
Grand timide lorsqu’il était enfant, il explique que « c’était toujours à contre cœur, lorsque je faisais des sorties de groupe, des colonies de vacances ou autres choses du genre, car je n’aimais pas me mélanger, dû à ma timidité. Le karaté m’a en quelque sorte obligé à prendre sur moi, car la passion était si forte que je voulais participer aux stages, à des compétitions… Ça m’a beaucoup aidé. Il y a aussi eu des rencontres importantes qui m’ont forgé. » Cette timidité, le nouveau CTN, l’a également repoussée grâce à la voie combat. Lui qui était plus à l’aise en technique, pratiquait également le combat car « si le kata correspondait plus à ma personnalité, le combat était tout de même essentiel. J’aimais ça tout autant, mais différemment, car je ressentais les effets bénéfiques sur l’évolution de ma personnalité et l’effacement progressif de cette timidité ! »
Bonjour autonomie et adaptation
Ayant débuté son parcours de karatéka par le gensei ryu, très vite William a dû apprendre un autre style, le karaté shito ryu. « Lors de ma toute première participation à une coupe de France, j’ai été éliminé au premier tour, car les kata gensei ryu, s’ils étaient acceptés au niveau départemental et régional, n’étaient pas présentables au niveau national et international. Il m’a donc fallu m’adapter pour la compétition. » Confiant que son apprentissage du shito ryu était dédié à sa pratique en compétition, le tout nouveau CTN explique qu’il s’est formé par ses propres moyens. « Mon club enseignait le gensei ryu, et je ne voulais pas le quitter. J’ai donc fait des stages avec des experts shito ryu, j’ai beaucoup observé, travaillé, retravaillé… J’étudiais aussi par le biais de vidéos, et avec l’aide de mon professeur Chhouny Ao, qui avait lui aussi des connaissances en shito ryu. » Modeste, il admet tout de même que cette étape lui a appris à devenir autonome et à s’adapter aisément, et ce dans sa vie quotidienne. Preuve en est de sa pratique actuelle, le shorin ryu, découvert par hasard lors d’un stage avec Patrick Rault, expert fédéral, et auquel il est passé vers l‘âge de vingt ans. Tout en continuant l’étude du shito ryu pour sa carrière sportive, évidemment.
Un parcours sans faute

Spécialisé en kata, l’ancien technicien international, fut détecté après sa victoire en coupe de France en 2008. Alors aligné pour sa première sortie internationale, lors de l’Euro jeunes de 2009 (30 janv. – 1er fév. / Paris), il monte sur la plus haute marche du podium. Quelques années plus tard, chez les seniors, il sera double champion de France (2010/2011) et remportera deux médailles de bronze mondiales, l’une par équipe à Brême (2014), l’autre en individuel aux championnats du Monde Universitaires de 2016, ainsi qu’une médaille européenne du même métal en 2014, là aussi par équipe.
Au niveau de ses études, William Geoffray confie « qu’étant athlète à ce moment-là, [il] avait besoin de ressources, de connaissances pour perfectionner [sa] préparation. Ayant un goût développé pour la pédagogie et le partage de connaissances » c’est naturellement qu’il s’est orienté dans un parcours estudiantin sportif. En 2009, il entame une licence STAPS, validée en 2014. Des années au cours desquelles il n’a pas chômé, puisqu’en parallèle, il a passé son Brevet d’Etat 1er degré (2011), des diplômes en tant qu’initiateur en haltérophilie et force athlétique (2012) et son DEJEPS karaté (2013). En 2014, il devient également diplômé moniteur en force athlétique, avant de se lancer dans un master 1 STAPS en préparation physique, mentale et réathlétisation dès 2015. « Parallèlement à ma dernière année en STAPS, j’ai entamé une formation de préparation au concours du professorat de sport, au CREPS Rhône-Alpes. En effet en STAPS on acquiert une bonne culture du sport, mais cette formation m’a vraiment permis d’appréhender les enjeux et les problématiques du métier, tout en étant préparé spécifiquement aux épreuves du concours. »Un concours passé avec succès, qui lui permet d’intégrer la FFKDA en tant que stagiaire dès le 1er septembre 2016.
Côté sportif, « ma carrière est terminée » expose l’ancien international, qui explique que « si je souhaite être dans les trois premiers mondiaux, il me faudrait encore quatre ou cinq années de préparation. Un délai trop long pour les JO, et pour ma motivation. Je pourrais rester encore deux ou trois ans, mais les résultats à l’international ne seraient pas ceux recherchés, je préfère donc me consacrer à mes projets professionnels et privés, qui me prennent beaucoup de temps, et que je souhaite aujourd’hui privilégier. »
Conseiller Technique National
Travailler au sein de la FFKDA ? « Cela me paraissait évident ! Evident de poursuivre mon évolution au sein de la fédération que je connais et au travers de laquelle j’ai pu vivre des expériences aussi riches » confie W. Geoffray.
Sur liste complémentaire à la sortie du concours, il doit patienter un an avant d’être intégré au sein de la FFKDA. Il explique qu’en effet « il fallait attendre pour savoir si la fédération pourrait ouvrir un poste. Comme ces discussions se font avec le Ministère (des sports, ndlr.) les délais peuvent être un peu longs, d’où l’attente. » Une année mise à profit, puisqu’il a participé à plusieurs missions au sein de la fédération, notamment sur le développement et la formation.
Au terme de ce délai, William Geoffray entre à la fédération comme stagiaire, « une étape obligatoire et imposée par le Ministère, mais indispensable » expose le jeune CTN. Au cours de son stage, de près d’un an, les missions confiées étaient transversales, afin qu’il ait une compréhension générale du fonctionnement de la Direction Technique Nationale. « J’aime cette polyvalence ! J’apprends et je découvre ce qui me plait ou non. Cela me permet d’être complet, de me tester sur des sujets et d’être pertinent dans mon travail futur. Ce stage s’est conclu le 6 juin dernier, par un entretien terminal aboutissant à ma titularisation. »
Si aujourd’hui ses ambitions par rapport au poste de CTN sont multiples, l’ancien athlète de Haut-Niveau souhaite « mettre l’ensemble de [ses] acquis et compétences au service de [ses] missions, afin d’offrir au plus grand nombre les mêmes chances d’épanouissement dans la pratique qu’ [il a] pu avoir. » De par son parcours, le jeune homme sait qu’il a des atouts à mettre à disposition de sa fonction. « J’ai acquis des capacités à travailler en autonomie, à observer, et j’utilise également mon vécu de sportif… Le karaté m’a permis de me découvrir et de développer mes qualités, aujourd’hui je souhaite lui rendre, afin d’aider les autres comme il m’a aidé. »
Un métier-passion qui lui permet de « rester dans le milieu du sport, et plus précisément du karaté, tout en sortant du dojo. Enfin par sortir du dojo, j’entends l’arrêt des compétitions, car évidemment je continue de pratiquer ! » Conclut-il avec le sourire.
Le mot du DTN
L’importance de créer un poste
Aujourd’hui la FFKDA, au niveau de sa direction technique nationale (DTN), compte peu de postes par rapport à d’autres fédérations, notamment olympiques. Pour rappel, en 2006 il n’y avait que cinq ou six postes… Il est très important de conforter la DTN, car les cadres techniques de l’Etat qui la composent, se mettent au service du projet fédéral. Ils aident à le créer et participent à sa bonne mise en œuvre. C’est une vraie force pour la fédération et son développement.
Si nous avons créé un poste pour l’arrivée de William Geoffray, cela s’explique par notre volonté d’avoir des personnes qui vont bien s’intégrer, et qui ont déjà une conscience et connaissance des enjeux fédéraux. William Geoffray est un jeune homme qui a fait toute sa carrière sportive au sein de notre fédération. Il connait les acteurs, les dirigeants, les entraîneurs, les cadres techniques et sportifs… Et surtout, il a envie de rendre à la FFKDA ce qu’elle a pu lui donner dans sa carrière, envie de servir ses projets et dirigeants. Par ailleurs, le fait qu’il ait une connaissance du milieu dans lequel il va officier, ce n’est que du bénéfice !
Les missions confiées
Notre fédération est complexe dans son organisation : d’un côté il y a le haut-niveau, de l’autre le développement (qui comprend la formation, les compétitions, les grades etc… ndlr.). William Geoffray, comme dit précédemment, a été compétiteur. Il ne connait donc pas forcément toutes les facettes des organisations et mises en œuvre des programmes de la fédération, c’est pourquoi dans un premier temps nous allons le mettre en observation et collaboration avec Jonathan Maruani au sein de la ligue régionale Ile de France. Il collaborera également avec des cadres techniques nationaux qui sont responsables de programmes, comme par exemple avec Franck Richetti, en charge de la formation.
On connait également son appétence pour la pédagogie envers les enfants, il est donc probable qu’on le missionne à ce sujet. Il est jeune et devrait être là pour longtemps, il est donc important de ne pas le spécialiser d’entrée, car cela lui permettra de découvrir le maximum d’activités et donc d’être d’autant plus efficace dans la mise en œuvre du projet fédéral.
William Geoffray, une valeur ajoutée
Evidemment, de prime abord il s’agit d’une paire de mains supplémentaires pour travailler sur les dossiers, donc quantitativement c’est positif. Ensuite, William a pour qualités d’être à l’écoute et d’avoir une vraie envie de servir le projet fédéral.
Il apporte de la fraîcheur par rapport aux autres cadres. En effet, il est très jeune, et nous savons d’ores-et-déjà qu’après les jeux Olympiques de Tokyo 2020, de jeunes pratiquants vont affluer dans les clubs… C’est donc très bien d’avoir un regard jeune pour renforcer l’équipe technique nationale, et ce dès à présent.
Enfin, même s’il n’a été que compétiteur au niveau de la FFKDA, il a une grande expérience dans la relation aux élus, aux cadres. S’il n’est pas encore reconnu aujourd’hui par l’ensemble des dirigeants du karaté français, il est déjà très connu au sein de la fédération, ce qui va obligatoirement faciliter la prise de poste et les échanges avec les divers interlocuteurs.