
Shukokai – Naoki Omi « Puissance et respect de la biomécanique »
Neuvième dan, grand professeur et expert fédéral, Naoki Omi revient sur l’esprit du style shukokai après la coupe de France qui a eu lieu ce week-end à Villebon.
Plus de cent inscrits en kata
« L’organisation de notre coupe de France avec le shito-ryu procède de la logique suivante : il y a un lien de parenté fort entre le shito-ryu et l’école shukokai. Cette édition a constitué une nouvelle belle réussite puisque dimanche il y a eu cent onze compétiteurs inscrits pour l’épreuve de kata dans notre style. La nouveauté cette année a été l’organisation par épreuves avec combat le samedi, et kata le dimanche, plutôt qu’une journée pour chaque style comme c’était le cas au cours des années précédentes avec le samedi dédié au shito-ryu et le dimanche au shukokai. Une excellente idée au final car cela a permis de proposer une compétition combat plus dense et de qualité. J’ai vu de beaux combats et j’ai vraiment pu apprécier les déplacements justes et le sens du timing chez certains finalistes. De l’efficacité en combat, c’est tout de même l’essentiel de ce que nous cherchons tous. »

Shito-ryu et shukokai, une histoire liée
« Kenwa Mabuni a fondé le shito-ryu au début des années 1930. Chojiro Tani fut l’un de ses plus célèbres élèves. En 1948, ce dernier devint sixième dan et reçu un menkyo (un certificat sous forme de rouleau calligraphié, NDLR) de la part de Kenwa Mabuni l’autorisant à développer son propre style : le Tani-ha shito ryu. L’école shukokai était née ! Rappelons qu’elle est arrivée en France avec Yoshinao Nanbu, invité par Henri Plée, en 1966, après que celui-ci ait vu Nanbu sensei pratiquer. La première coupe du monde shukokai s’est ainsi déroulée en 1969… à Paris !
Un événement pour lequel Yasuhiro Suzuki, élève de Tani, était venu en France en tant que participant… lequel a décidé de rester ici comme chef instructeur du Tani-ha shito-ryu shukokai pour en promouvoir le style. Je suis, pour ma part, arrivé dans l’Hexagone en 1972 avec mon ami et condisciple de l’université Doshisha à Kyoto, Keiji Tomiyama. Un club où nous avions comme professeur un certain… Chojiro Tani ! »

L’esprit du style
« Les singularités du style ? Je dirais que c’est un karaté fluide, qui cherche la puissance maximale de chaque coup tout en respectant la biomécanique. Le travail de hanche est fondamental dans notre école, tout comme l’élimination des gestes inutiles. Un maximum d’efficacité avec un minimum d’effort. Pour être plus précis, en France, on a tendance à penser qu’il faut d’abord bouger le haut du corps avant le bas. Or, c’est l’inverse qu’il faut faire ! Je dis souvent à des élèves : regardez le baseball ou le tennis, c’est la même mécanique ! Les baseballeurs et tennismen font d’abord bouger leur bas du corps, puis leurs hanches, ce qui entraîne ensuite le mouvement des bras. C’est un travail difficile mais que l’on comprend plus naturellement avec l’âge, quand le corps vous fait comprendre que c’est lui qui commande. Là, tout s’éclaire. » (sourire)