Krav-maga, le bel horizon

Le temps est venu de ressortir pantalons de kimono et kits de protection pour donner le coup d’envoi d’une saison articulée entre compétitions nationales, stages d’experts et… championnat du monde. Le krav-maga français se prépare à vivre une grande année.

« Comment débuter autrement que par le mondial ? Il fait son retour, à domicile ! J’insiste, mais c’est le grand rendez-vous de cette saison ! » D’emblée, Mohamed Moussaoui donne le ton. Il faut dire que le double champion du monde technique (2017) et combat défense (2019) connaît le sujet sur le bout des gants. Cinq ans après, la France accueillera de nouveau les championnats du monde de krav-maga les 18 et 19 mai 2024. « La dernière édition s’était avérée particulièrement réussie dans l’enceinte de l’INJ. Cette fois, nous espérons mobiliser une quinzaine de pays, d’autant qu’en plus de la technique et du combat défense, une troisième catégorie « combat libre » figurera pour la première fois au programme », tient à préciser l’expert fédéral, dont l’enthousiasme ne se tarit pas. Conséquence directe de la tenue de ce rendez-vous planétaire, l’open international et la coupe de France ne figureront pas au calendrier de cette saison… mais, là aussi, l’anticipation a été pensée. « Pour combler un potentiel manque, l’accent sera placé sur les championnats régionaux, notamment organisés dans les Hauts-de-France, le Grand Est et en Occitanie. Une manière aussi de diversifier l’offre de compétitions à tous les niveaux et dans l’ensemble du pays. »

Une vitrine et un cœur

S’il est peu dire que la compétition n’était pas vraiment ancrée dans les origines de la discipline, les pratiques du krav-maga ont depuis bourgeonné pour se diversifier. « Depuis quelques années, la compétition fait office de vitrine pour l’ensemble des disciplines… et nous ne faisons pas exception, décrypte Alain Formaggio, lui-aussi expert fédéral. Nous souhaitons aussi mettre en valeur ceux qui le mettent en pratique et se confrontent, même si la majorité de nos licenciés se cantonnent à une pratique de self-défense. » Un euphémisme puisqu’il estime que seul un pratiquant de krav-maga sur dix s’engage en compétition. Un ratio faible qui n’a pas empêché les trois événements nationaux organisés la saison dernière de rassembler plusieurs centaines de compétiteurs. « Ce développement devrait encore s’accélérer grâce aux jeunes qui, dès la catégorie minime, pourront s’engager en compétition. Notre pratique se démocratise à travers elle mais aussi au-delà, grâce à ses dimensions éducatives et préventives », ajoute Mohamed Moussaoui. La pratique du krav-maga n’a peut-être jamais été aussi éclectique… et c’est sans doute là que sa popularité actuelle prend ses sources. Une nouvelle dimension que la discipline pourrait entériner d’ici quelques mois en passant la barre des vingt mille licenciés.

La patte des experts

« Après Mehabad et Gil, place à Gil et Mehabad ! » Si la formule d’Alain Formaggio peut prêter à sourire, elle ne doit rien au hasard. À la tête des deux stages internationaux respectivement réalisés il y a quelques mois au Centre National d’Entraînement de Castelnau-le-Lez et au Gymnase Élisabeth de Paris, les deux experts israéliens feront leur retour dans quelques semaines, à la rencontre d’un nouveau public. « Dès le 9 décembre, Itay Gil se rendra à CNE pour initier aux techniques de self-défense qu’il élabore depuis plus de quinze ans. Meni Mehabad lui succédera en Île-de-France au cours de la seconde partie de saison dans un tout autre style : dixième dan en Israël et membre de la lignée d’enseignement d’Imi Lichtenfeld, il enseigne un krav-maga beaucoup plus traditionnel ! » Un précipité de l’élite internationale auquel s’ajouteront quatre stages nationaux menés une nouvelle fois à chaque coin de la France, de Montpellier à Nice, en passant par Geispolsheim et Paris. À l’arrivée, un calendrier une nouvelle fois dense et qui justifie le renfort de deux nouveaux experts nationaux pour épauler le trio actuellement aux manettes. « Membre de la commission nationale depuis dix ans, Marc Fesler apporte une immense expertise, notamment en vue de l’organisation des mondiaux en fin de saison. Quant à Sébastien Ribo, son rayonnement territorial, particulièrement en Aquitaine, sa pédagogie et sa connaissance technique font de lui un atout majeur pour asseoir le développement national de la discipline », résume Alain Formaggio. Une équipe nationale renforcée, des experts internationaux de retour et un championnat du monde annoncé : le krav-maga peut regarder devant avec enthousiasme.