Le shidokan rayonne

Organisée à Nice le week-end dernier par le Comité Départemental des Alpes Maritimes de Karaté et Disciplines Associées, la coupe de France shidokan a continué de donner des signes de sa montée en puissance avec, d’ores et déjà, des idées pour que l’édition 2024 passe un nouveau cap.

C’est à une belle fête qu’ont assisté les spectateurs présents au gymnase de l’UFR STAPS de la cité niçoise. Deux jours de compétition – cadets, juniors et seniors le samedi, poussins, pupilles, benjamins et minimes le dimanche – et une participation nettement en hausse par rapport à l’année dernière : « deux-cent soixante-sept inscrits au total, précise José Gallucio, référent national shidokan et figure incontournable de la discipline. L’année dernière, ils étaient cent-quatre-vingt. Soit une augmentation de près de 50 % ! ». Une discipline aux spécificités bien établies avec trois catégories distinctes chez les seniors : débutants, confirmés et experts. Pour chacune d’entre elles, un niveau de protection particulier (casques, protège-dents, protège-tibias, coquille et gants pour les débutants par exemple). Le déroulement d’un combat ? Un round d’une minute trente secondes pour les enfants et deux minutes pour les adultes suivi d’un temps additionnel – variable selon l’âge – pour départager des combattants à égalité le cas échéant. Pour les seniors experts, une originalité avec le « triathlon », comme aiment à en parler les premiers concernés. Au menu ? Six rounds au total avec deux rounds de deux minutes de karaté, deux de karaté contact et enfin deux de karaté mix.

Domination maralpine

Une coupe de France où les clubs des Alpes-Maritimes ont trusté la totalité des podiums, à l’exception des seniors confirmés -67kg et de l’épreuve triathlon masculine. Deux victoires qui vont au Pyrénées Fighting Club de Montsaunès (Haute-Garonne), pour Michaël Dalpos et Davis Trupiano.

Parmi les clubs du département organisateur qui se seront particulièrement mis en valeur, le Saisho Dojo Nice de Jessy Santini : « Nous avions vingt-deux engagés. Sept terminent en or, cinq en argent, sept en bronze et trois finissent quatrième. C’est une très belle performance d’autant qu’elle est répartie sur toutes les catégories d’âge. Elle concrétise une bonne préparation, passée par la coupe de zone interdépartementale et le championnat de France de karaté mix », explique ce professeur cinquième dan aux presque trente ans d’enseignement, qui souhaite également mettre en valeur les arbitres. « Ces derniers ont suivi une dizaine de sessions de formation depuis deux ans, soit une cinquantaine d’heures. Une formation approfondie qui a permis d’avoir une montée en qualité très forte de l’arbitrage lors de cette coupe de France. »

En argent dans l’épreuve féminine Open seniors, Stéphanie Belvédère, élève de Jessy Santini se montre lucide sur sa prestation mais déjà prête à remettre le couvert. « J’ai perdu contre plus forte que moi. Mais cette compétition m’a permis de dégager plusieurs axes de travail pour revenir plus forte l’année prochaine : augmenter ma puissance et ma mobilité et affiner ma stratégie de combat. » Lycéenne de dix-sept ans, Stéphanie pratique le shidokan depuis l’âge de douze ans : « lorsque j’étais adolescente j’adorais les séries où il y avait des techniques d’arts martiaux, comme les Tortues Ninja ou les Power Rangers (rires). Du coup, ma mère m’a inscrite au club le plus proche – le Saisho Dojo Nice – et j’ai immédiatement accroché. Grâce au shidokan, j’ai appris à me discipliner. » Une médaille d’argent d’autant plus méritoire que cette élève en classe de Terminale, n’avait pas combattu depuis cinq ans en compétition : « cette saison, j’ai gagné en assurance, en confiance. Du coup, je me suis dit que j’allais retenter l’aventure compétition. Je ne regrette pas… bien au contraire ! »

José Gallucio, le pionnier

Directeur technique régional de la ligue PACA et professeur au sein de l’Étoile Sportive Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), Alain Fontaine, venu avec vingt-quatre combattants, repart, lui, avec quatorze podiums dont trois titres. Avec le Saisho Dojo Nice, mais aussi entre autres le Theagene Nice, le Stade Laurentin Karaté et le Dragon Saint Pancrace, situé à Nice, son club fait partie de la longue liste de clubs maralpins sacrés le week-end dernier. Une configuration que ce sixième dan recontextualise. « Après les championnats du monde de karaté kyokushinkai en 1987 auxquels il a participé et qui précèdent la naissance du shidokan, José Gallucio est devenu l’un des pionniers de la discipline en France. Il va alors former nombre de combattants qui deviendront parfois des professeurs, faisant des Alpes-Maritimes une terre d’élection particulièrement fertile pour cette pratique. »

Une concentration de clubs qui fait de la ligue PACA la seconde en termes de pratiquants, derrière l’Île-de-France.

En 2024, direction Paris ?

Quid du bilan logistique et des évolutions qui pourraient avoir lieu ? « Si l’organisation de cette coupe de France est à un très bon niveau, peut-être que la tenue de cet événement dans la capitale permettrait de mobiliser des clubs venus de toute la France » suggère Alain Fontaine. La possibilité d’attirer davantage de combattants via l’organisation de cette compétition dans la capitale est en effet l’une des réflexions en cours au sein de la discipline. Une volonté de grandir et de passer un nouveau cap qui est d’ores et déjà à l’œuvre. « Pour la saison prochaine, je pense qu’il nous faut réfléchir à la comptabilité des points dans les catégories d’âge “ jeunes”. Il y a trop de temps d’arrêt, ce qui hache les combats », note José Gallucio. « Compte tenu de la configuration de la salle, il nous faut sans doute encore réfléchir à un meilleur échelonnement des catégories sur la journée », ajoute Jessy Santini qui élargit, aussi, la focale. « Organiser une coupe zone nord et sud serait, selon moi, une idée à creuser. Cela ajouterait une nouvelle compétition dans le calendrier mais aussi et surtout cela permettrait de procéder à une détection en amont de la coupe de France. » Des idées foisonnantes pour servir la dynamique actuelle du shidokan. Prochain et dernier grand rendez-vous se tiendra le 17 juin, au dojo de Saint-Laurent du Var (Alpes-Maritimes) pour un passage de grades, avec la présence de pratiquants belges, italiens ou anglais.