
Championnats d’Europe seniors : des opportunités à saisir en kata
À la veille des entrées en lice d’Helvétia Taily et Franck Ngoan en individuel, tous les voyants semblent au vert pour le kata français, alors que l’heure est au renouvellement sur la scène continentale.
Arrivés à Guadalajara en Espagne depuis dimanche, les troupes tricolores peaufinent les derniers réglages avant le coup d’envoi de cette cinquante-huitième édition des championnats d’Europe. À sept mois des championnats du monde de Budapest, l’occasion est belle pour montrer un visage conquérant. « Cela fait longtemps que ces championnats d’Europe n’ont pas été aussi ouverts, explique Ayoub Neghliz, entraîneur national kata. Entre la retraite de la championne olympique espagnole Sandra Sanchez Jaime, victorieuse des sept dernières éditions, la confiance accordée depuis l’an passé à Terryana D’Onofrio par l’Italie, ou encore l’absence du Turc Ali Sofuoglu, double tenant du titre masculin, les cartes vont être forcément rebattues. À nous de concrétiser la progression qui est la nôtre ces dernières années, pour notamment renouer avec le podium en individuel qui nous échappe depuis 2019. Le groupe avance dans le bon état d’esprit, serein et conscient d’avoir des opportunités à saisir. »
Du potentiel dans chaque tableau
Cinquième de justesse l’an passé du côté de Gaziantep (Turquie), Franck Ngoan (AS Évry) pourrait bien être celui qui reprendra le flambeau de Minh Dack, treize fois médaillé entre 2004 et 2016 (deux médailles d’argent en 2013 et 2016, pour onze de bronze). « En s’appuyant sur l’expérience de l’année dernière, Franck va arriver plus mûr, et avec l’arsenal adéquat pour se présenter sur un duel à la médaille avec son meilleur kata, Unsu, qui lui a notamment permis de remporter les championnats de France il y a quelques jours. »
Sacrée elle aussi à Lille, Helvétia Taily (SKB Épinay-sous-Sénart) n’étrennera pas sans ambition sa première sélection sur l’épreuve continentale. « Elle ne se pose pas de question, sait tout le travail effectué en amont et compte bien se lâcher à partir de mercredi. Helvétia a franchi un cap en Series A, en atteignant notamment la petite finale à Athènes, et elle est en capacité de valider sa progression par un podium en Espagne. »

Voire même deux puisque la technicienne réunionnaise disputera également le kata par équipes avec sa camarade de club Romane Leitao, nulle autre que son adversaire en finale dans le Nord, et Maï-Linh Bui (Annecy Dojo Karaté), championne de France juniors. « Les filles étaient en concurrence avec l’équipe shito-ryu, elle aussi de très bon niveau, mais leurs victoires à Paris et Athènes ont justifié notre choix de leur faire confiance. Elles sont en forme et peuvent tout à fait prétendre à un kata pour la médaille cette année. Là encore, il y a un vrai coup à jouer. Chez les masculins, nous partons avec trois garçons qui ont déjà disputé ces championnats d’Europe, Haron Weiss (Houdan Karaté Do) et Hugo Poisson (SKB Épinay-sous-Sénart) étant de la partie l’an passé quand Arthur Noël (Karaté Do Longwy) faisait partie de l’équipe en 2021. Il se dégage une intéressante cohésion dans ce trio, capable de faire des dégâts sur son passage. Tous les trois ont beaucoup travaillé pour être plus présent physiquement, et ils savent qu’ils peuvent désormais coller au peloton de tête pour accrocher les meilleurs et espérer décrocher une médaille. »
Changer de métal en para
En espérant en voir un maximum sortir avec le sourire de leurs éliminatoires mercredi (individuel) et jeudi (par équipes), la journée de vendredi sera consacrée au para-karaté, avec une délégation tricolore forte de cinq représentants qui débarque elle aussi avec de sérieuses prétentions en Espagne. « Les premiers entraînements ici se déroulent parfaitement, l’heure est aux corrections des ultimes détails, lors de séances courtes placées sous le signe de la bonne humeur, qui permettent aux uns et aux autres d’éviter de se mettre la pression et de bien récupérer, assure Manon Spennato, entraîneur national. Nous avons tout mis en place pour nous présenter dans les meilleures conditions et, avec nos quatre médaillés de bronze – Virginie Ballario, Charlène Odin, Nohan Dudon et Jordan Fonteney – de l’an passé, l’objectif est d’aller chercher un autre métal. Il faudra aussi miser sur l’énergie débordante d’Alexandre Schoegel, qui découvre ce qu’est un grand championnat et que nous accompagnons au mieux pour que ses débuts soient également une réussite. »