
Coupe de France kyokushinkai, un pigment inédit
Événement phare de la saison en kyokushinkai, la coupe de France ouvrait, cette année, la porte aux combattants étrangers. Un lifting qui, sans bouleverser la hiérarchie, a ravivé la flamme.
« Les années passent, mais l’ambiance ne manque jamais le rendez-vous ! ». Jacky Lajoinie a le sens de la formule, mais pas seulement. Il suffisait d’observer la ferveur des gradins de l’Institut du Judo presque pleins il y a quelques jours pour corroborer les propos du président de la commission nationale kyokushinkai. « Au vu du niveau affiché, j’imagine que peu de spectateurs regrettent leur déplacement ! Si les athlètes présentent régulièrement une forme physique excellente en arrivant sur la coupe de France, leur niveau technique augmente d’année en année. » Un très gros week-end pour le style confirmé par Romain Anselmo. « Nous sommes ravis car, au-delà d’un niveau remarquable, le peu de pénalités infligées samedi a surpris et convaincu : c’est le signe de l’excellent travail mené dans les dojos. Ajouté à aux centaines de combattants aperçus samedi comme dimanche, et à la participation record en kata masculin, cela forme un faisceau d’indices… qui indiquent que le kyokushinkai se porte à merveille. »
Tusseau puissance onze, l’ACBB triomphe
Invaincu depuis plus d’une décennie en coupe de France, Antonio Tusseau n’avait pas enfilé les gants lors de l’édition 2022, préférant distiller ses conseils au bord des tapis aux autres combattants boulonnais. Si le choix s’était avéré payant du point de vue comptable — sept titres décrochés par les combattants du club — cette année, le triple champion d’Europe optait pour un programme complet, cumulant coaching et combat. « C’était sportif, si j’ose dire ! Aiguiller une dizaine d’élèves tout en maintenant mes ambitions chez les -90kg ne me laissait pas beaucoup de répit, s’amuse Antonio Tusseau. Le public n’a d’ailleurs pas caché sa surprise lorsque j’ai coaché un combat, puis que je suis rentré instantanément après sur le tapis disputer mon propre tour, mais cela ne m’a pas perturbé dans ma quête de titre. Au contraire, cela lui donne une saveur particulière. » Une onzième coupe à la maison pour le géant français qui clôturait le dimanche radieux des combattants de l’ACBB, également en or chez les -90kg et les -80kg au terme d’une finale historique. « Trois prolongations et une telle opposition entre deux combattants, c’est digne d’un championnat du monde, confie Romain Anselmo. Déjà, lors de ses tours précédents, face à Nolan Blatry puis Alexis Warth, Gino Consentino avait été poussé dans ses retranchements, avant de parvenir à trouver les ressources. » Plutôt flatteur de la part du triple champion du monde par équipes et vice champion du monde individuel 1994, très investi et depuis de longues années pour le développement du kyokushinkai français.
Repousser les frontières
Une quinzaine de participants internationaux, cinq podiums et trois titres décrochés décrochés par les combattants suisses. L’appel de l’ouverture de la coupe de France kyokushinkai avait été entendu et l’expérience de la compétition ne l’a pas démenti. « Observer de nouveaux compétiteurs relève toujours du plaisir, d’autant que cela donne lieu à des combats inédits, débridés, souligne Jacky Lajoinie. Chacun apporte son pigment et participe à augmenter l’attrait de la compétition. Si Portugais et Suisses ont contribué à la réussite de cette première, l’objectif est désormais de nous projeter afin d’éveiller la curiosité de nouveaux athlètes internationaux. » Un constat partagé par Sacha Décosterd. L’Helvète, finaliste malheureux en -90kg, retenait surtout l’opportunité. « C’est une journée magnifique, malgré cette défaite en finale ! Il s’agissait de la première fois que nous nous affrontions avec Maxime (Demeautis, NDLR) alors que l’on se connaît depuis nos jeunes années et, rien que pour ça l’expérience valait le coup. Un tel niveau de compétition, proche de la Suisse, reste particulièrement agréable et précieux, même si je me serais bien vu disputer deux minutes de plus dans notre finale. »
Tissu régional, open national
Deux pour le prix d’une ! C’est en substance le message délivré au sortir de cette coupe de France. Et pour cause, après une série de compétitions organisées en régions — L’Open enfants de Marcilly (Normandie) les 11 et 12 mars précèdera l’Open renaudin (Centre-Val de Loire) des 22 et 23 avril — l’Institut du Judo verra le premier Open de France de kyokushinkai organisé le 13 mai prochain. Une nouvelle occasion de briller au niveau national, des benjamins aux espoirs. « Lorsque la possibilité d’une deuxième compétition annuelle s’est confirmée, notre choix a immédiatement été de privilégier les jeunes, assure Romain Anselmo. En plus d’être nos combattants d’aujourd’hui, ils représentent nos athlètes de demain. » Pour les athlètes internationaux justement, quel programme ? « Désormais, je place le cap sur les championnats d’Europe et ceux du Japon, cruciaux pour engranger de la confiance en vue des mondiaux de fin d’année, observe Antonio Tusseau. Espérons qu’ils me sourient cette fois-ci. En fin de saison passée, j’avais souffert de mon manque de compétitions. Je ne comptais pas refaire la même erreur, d’où ma participation cette fois-ci, une parfaite mise en jambes ! » Clou de la saison, expérience inédite, voire compétition de reprise, cette coupe de France aux mille facettes sait évoluer sans trahir son identité.