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Paris Open Karaté 2023 : cinq trajectoires, une seule direction

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Nous suivons ces cinq clubs depuis dix jours. Témoins de la vivacité du karaté français, les fortunes de leurs engagés, combattants et techniciens, ont été diverses tout au long du week-end à Coubertin pour ce Paris Open 2023. Des sourires, des larmes, des défaites pour apprendre, des petites victoires sur soi-même. La parole aux acteurs.

Tansei Karaté Ensisheim (Haut-Rhin)

Savoir se relever
« Mon pire adversaire, c’est moi. » D’emblée, Jordane Foulon, alignée en -68kg, pose le décor d’un week-end aux allures de chemin de croix ce week-end à Coubertin. « Même si je me suis efforcée de rester dans ma bulle et de réaliser mes exercices de respiration, j’ai eu le temps de ruminer entre notre départ anticipé mercredi et mon combat samedi. Dès mon réveil, j’avais conscience qu’il me serait impossible de faire abstraction du stress, et qu’à défaut, j’allais devoir le contrôler. » D’entrée, la nécessité de composer face à la Brésilienne Barbara Rodrigues s’imposait comme un second défi de taille, au sens premier du terme cette fois. « Je ne l’imaginais pas si grande, poursuit l’étudiante en droit. D’habitude, je réussis à m’adapter en attaquant avec mon bras arrière ou en lançant par le bas, mais aujourd’hui l’appréhension m’empêchait déjà de prendre l’initiative, alors pour modifier ma stratégie… » Si la combattante alsacienne, sèchement défaite dès ce premier tour, peinait à retirer du positif de cette matinée, son entraîneur le faisait pour deux. « Les échecs font partie de la construction d’un combattant. Cet Open en est un, certes, mais finalement assez relatif. Avez-vous réellement vu une fille au-dessus du lot aujourd’hui ? Moi pas. Le niveau est assez homogène et l’écart avec Jordane n’est ni technique, ni physique, mais avant tout psychologique. » Restée en tribunes assister aux autres combats du jour, la médaillée d’argent des derniers championnats de France espoirs se focalisait déjà sur la reprise de l’entraînement. « Je préfère me remettre immédiatement en selle et retrouver le dojo dès ce lundi. Pour quelqu’un comme moi, qui n’ai jamais fait figure de grande favorite, seuls la volonté et l’entraînement mènent aux progrès… et ce n’est pas cette défaite qui remettra en question treize ans de karaté. » Sans doute la preuve d’un mental loin de n’être qu’un adversaire.

Club Sportif et de Loisirs de la Gendarmerie de Maisons-Alfort (Val-de-Marne)

La positive attitude
L’expérience fut courte, mais intense. Opposé d’entrée à Allan Maldonado, médaillé de bronze chez les -75kg dimanche, Martin Li garde son sourire intact malgré sa défaite inaugurale. « Ce premier Paris Open constitue un électrochoc, il désacralise mon approche du haut niveau. Bien sûr, l’environnement m’a crispé, j’ai manqué de précision, et il me reste un écart conséquent à combler, mais le niveau à atteindre ne me semble pas inaccessible. Tant mieux, c’est toujours plus motivant pour aborder la suite », s’enthousiasmait le jeune combattant. Comblé, c’était aussi l’état de son professeur Souleymane Diop, à tel point que le coach trouvait difficilement les mots pour décrire la journée « coubertinienne » de sa seconde élève engagée. « Il n’y a rien à jeter, tout a été excellent… sauf ce tout premier point encaissé lorsqu’elle n’osait pas encore attaquer. À part ça, il suffit de voir mon sourire, non ? » Alors c’est Iman Hassouni (-61kg) elle-même qui se chargeait de l’analyse. « Les trois minutes passent vite, je devais m’engager dès le hajime. Il suffisait de me faire confiance pour que je lâche mes coups et que j’enchaîne les points, la clé pour passer les tours et, surtout, prendre du plaisir ! » Ses débuts en fanfare face à l’Émiratie Alameri, suivis d’une victoire autoritaire face à l’Espagnole Hernández confirmaient qu’il faudrait compter sur l’ancienne membre de l’équipe de France. L’opportunité d’une demi-finale face à Laura Sivert semblait même à portée de main avant que la combattante de Maisons-Alfort ne s’incline sur le fil en quarts de finale face à la Guatémaltèque Wong Alvarez, future médaillée de bronze. De quoi se donner, et au public aussi, des envies d’encore.

Sporting International Karaté Paris (Paris)

L’apprentissage du haut niveau
« L’échec avant la victoire. » S’il faudra attendre les prochains rendez-vous régionaux et nationaux pour valider la prophétie de Serge Chouraqui, c’est grandies que ses jeunes troupes sont ressorties de cet Open « très bien organisé et d’un très bon niveau d’ensemble » selon le neuvième dan, rejoint par son coach Stéphane Walch. « Je pense que tous nos engagés ont pris du plaisir et, si nous visons toujours les meilleurs résultats, j’ai apprécié la bonne attitude de chacun. C’est une compétition à valeur d’étape pour nous, sur laquelle bâtir pour la suite de la saison. Au rayon des frustrations, nous aurions aimé voir Antoine Pinardin (-84kg) passer son troisième tour qui se joue sur une petite erreur de sa part, mais il a prouvé qu’il était bel et bien de retour, comme Chloé Tavernier (+68kg) malheureusement sans solution contre cette grande Anglaise. » Comme cette dernière, Julie Desesquelles et Celia Marçais cédaient elles aussi contre deux futures demi-finalistes en -61kg, leur donnant une idée précise de la direction à emprunter pour l’avenir. Le rayon de soleil du week-end sera finalement venu de l’équipe féminine kata, médaillée de bronze en dépit d’éliminatoires où elles n’auront pas réussi à s’exprimer totalement. « Cela reste un nouveau podium pour les filles, qui auraient aimé présenter un kata dimanche, souligne Kichoth Nithiyananthan. En individuel, je suis satisfait des notes obtenues, certes insuffisantes pour passer des tours mais dans la moyenne des engagés. Pour nos deux jeunes féminines, la leçon dépasse même le strict aspect technique, car elles ont pu se rendre compte qu’à haut niveau, tout était millimétré et qu’elles auraient dû être bien échauffées dès le début du tournoi. Elles ont pu observer celles qui n’étaient clairement pas venues pour simplement participer et qui avaient les dents longues dès la salle d’échauffement. C’est ce cadre qu’il faut désormais s’imposer. » Avec une ambition intacte et déjà la perspective d’amener une nouvelle génération pleine de promesses dès l’an prochain pour continuer de s’aguerrir auprès de ce qui se fait de mieux.

Team FKA (Bouches-du-Rhône)

Une médaille d’or exemplaire
Si le parcours de Siffedine Bakraoui (-75kg) prit fin dès sa première apparition sur l’aire de combats vendredi, son bourreau canadien Nicholas-Patrick Rivest ne parvenant pas à déloger l’Anglais Jordan Thomas, champion du monde 2016 des -67kg, au tour suivant, tout n’était pas mauvais dans le combat du Marseillais, lucide à l’heure du débriefing. « Je me suis mieux senti que sur mes dernières sorties, avec un bon début de match où je mène au score avant de m’éteindre progressivement et de subir. Déplacements, prise de décision, … il y a beaucoup de choses à revoir à l’entraînement, et cet Open doit me servir pour avancer. » Avec la médaille d’or autour du cou comme en 2022, c’est finalement le même constat de la part de Léa Avazeri (-61kg), consciente que sa finale verrouillée contre Laura Sivert (victoire aux drapeaux) ne resterait pas dans les mémoires. « Tout est tellement prévisible entre nous, qui nous connaissons par cœur, que je n’ai pas pu développer mon karaté habituel. L’essentiel reste donc de l’avoir emporté, pour moi qui continue sur ma lancée, mais aussi pour le club, qui se reconstruit depuis que mon mari l’a repris il y a deux ans. Cette médaille doit prouver à tous nos jeunes que s’ils s’entraînent dur, ils peuvent viser de grandes choses. » Jean-Marc a déjà prévu une petite affiche d’ailleurs, pour que les enfants du Team FKA soient mis au courant que leur professeur a de nouveau brillé en compétition. « J’espère que ce nouveau titre va motiver tout le monde dès les prochains entraînements. À titre personnel, je ne repars qu’avec des motifs de satisfaction, pour Siffedine, qui a malheureusement laissé sa fougue prendre le dessus, comme pour Léa, plutôt habile ce week-end pour gérer la pression. Elle venait pour l’emporter, c’est chose faite, en répondant présent le jour J comme on le demande à chaque sortie, quel que soit le niveau de l’épreuve. C’est un travail d’équipe qui paie encore une fois. » Vivement la suite !

AAS Sarcelles (Val-d’Oise)

Le sourire aux lèvres
« Nous venons chercher des médailles », avait évidemment annoncé Daniel De Barros cette semaine à l’approche d’un Paris Open où il y avait sans doute aussi l’enjeu de retrouver de la confiance après une coupe de France manquée, ce qui n’est guère dans les habitudes du club. Des médailles pour entretenir la dynamique de club, au-delà des individualités. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le week-end a souri au club du Val-d’Oise. Six médailles individuelles sur les huit où il était possible de les prendre ce dimanche… Alizée Agier ébouriffante en -68kg avec un 9-0 en finale, Nancy Garcia (+68kg) en or aussi et pleine de maîtrise, Enzo Montarello et son impact pour décrocher l’or en kata, Kilian Cizo finaliste en -75kg, Marvin Garin (-67kg) de nouveau sur un podium après Athènes, et un plaisir retrouvé après des mois de pépins physiques, sans oublier la finale magnifique remportée 7-0 par le Néerlandais Bouzakri coaché par Amin Bouazza. Ce à quoi il faut encore ajouter l’or de Lucas Hoffman en kata par équipes… De quoi arracher un joli sourire à Kenji Grillon. En costume à plusieurs reprises sur la chaise aujourd’hui, le champion du monde 2012 faisait le bilan des Jaune et Bleu. « Après notre contre-performance de la coupe de France, on a remis les pendules à l’heure et ça compte. Il y a eu une remise en question, des athlètes pour lesquels nous sommes présents afin d’atteindre leurs objectifs, et de nous, l’équipe d’encadrement, évidemment. On aurait aimé gagner chaque combat ce week-end, chaque match dimanche, mais nous sommes satisfaits. Pour les athlètes, je le leur ai dit : cela reste un Paris Open et c’est prestigieux dans un palmarès. Ils s’en rendront compte plus tard (rires). Cap maintenant sur les échéances internationales. Nous aurons cinq athlètes pour les prochains championnats d’Europe jeunes, et nous verrons qui sera qualifié pour les championnats d’Europe seniors. D’ici là, il y a du travail et nous pouvons compter sur notre vigie, Daniel De Barros, pour nous donner la bonne direction, générer cette cohésion entre nous tous, combattants et techniciens et progresser tous ensemble. » Tout est dit.

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