

A. Agier : « Championne d’Europe, enfin ! »
Alizée Agier a remporté à Guadalajara le seul titre qu’il manquait encore à son palmarès : le titre européen. Une victoire importante pour la combattante française qui peut se focaliser avec confiance sur la Rabat – Premier League qui débute demain, elle qui a gagné le week-end dernier les championnats de France seniors pour la sixième fois consécutive.
Enfin, tu tiens cette médaille d’or européenne, un soulagement ?
Oui ! Cela fait plusieurs années maintenant que je cours après cette victoire. Je m’étais qualifiée pour la finale européenne il y a deux ans à Kocaeli (Turquie) mais cela ne m’avait pas souri (défaite 1/5 face à Alisa Buchinger). Maintenant, je peux dire que j’ai ce fameux titre. Je suis championne du Monde et d’Europe senior en individuel, c’est important sur un palmarès.
Qu’est ce qui a changé depuis deux ans, et cette défaite en finale ?
En soit, pas grand-chose, car je travaille toujours aussi assidument au pôle. Par contre, je pense que j’ai développé cet aspect mental, qui me permet de faire la différence aujourd’hui quand je m’engage sur les compétitions. Tous les jours, nous nous entrainons vraiment dur, que ce soit nous les français mais aussi tous nos adversaires internationaux. Le niveau est de plus en plus homogène, il faut donc parvenir à aller chercher les petits détails qui vont nous permettre de faire la différence. Le mental en fait partie.
Je pense que j’ai développé cet aspect mental, qui me permet de faire la différence aujourd’hui quand je m’engage sur les compétitions.
Quelle a été ta réaction en voyant ce tableau très dense ?
Je ne me suis pas forcément dit que c’était un mauvais tableau … et au final, j’étais contente d’avoir pu battre des têtes de séries car cela valorise encore un peu plus ce titre européen. J’ai voulu rester dans l’optique de franchir les tours les uns après les autres. Dans ce tableau, il était difficile de savoir qui allait passer et qui on allait rencontrer au tour suivant. Par exemple, d’entrée il y avait un affrontement entre Alisa Buchinger (championne du Monde 2016) et Irina Zaretska (Championne du Monde 2018), donc il était compliqué d'anticiper qui allait passer … L’idée avec Ludovic, c’était d’y aller tour après tour, adversaire après adversaire.

Comment tu as vécu le combat face à Buchinger, qui a été assez épique avec quelques retournements de situation ?
Sur le tatami, je l’ai bien vécu puisque j'ai gagné (rires). Je marque la première donc ça me permets de gagner le senshu. Après, l'autrichienne reprend l'avantage en marquant au corps et je perds à quelques secondes de la fin 1/2… mais à l’image des championnats du Monde 2014 où je suis menée en demi-finale contre l’égyptienne (0/3 à trente secondes de la fin), je suis parvenue à remonter au score. J’étais dans le même état d’esprit qu’à Brême, je n’ai pas paniqué car je savais quelle tactique adopter. Je savais ce qu’elle allait faire et j’ai donc pu mettre en place une stratégie rapidement pour reprendre l’avantage.
Après cette victoire contre Buchinger, t’es-tu dit : il est pour moi ce titre ?
Honnêtement, oui. Quand on sort d’un tel scénario, on se dit que l’on peut aller au bout. Quand on parvient à retourner une situation comme celle-ci, qui était vraiment défavorable, ça donne forcément de la confiance pour le reste de la compétition. Je devais rester concentrée pour terminer le travail sur cette journée. J’avais trois minutes … trois minutes pour me qualifier pour la finale, en battant l’italienne en demie.
J’étais dans le même état d’esprit qu’à Brême, je n’ai pas paniqué car je savais quelle tactique adopter.
Justement, cette italienne Semeraro est parfois difficile à prendre … mais en marquant d’entrée tu t’es bien facilité le travail ?
Avec cette adversaire, il ne faut pas rentrer dans son jeu. Elle est dans l’excessif, le démonstratif … Je voulais avant tout rester très calme et sereine pour que ce soit elle qui sorte mentalement de son combat. Après, c’est clair qu’en menant 3/0 après deux minutes et 40 secondes de combat, il faut tenir jusqu’au bout et rester solide. Ce n’est pas forcément ce qu’il y de plus évident mais je me suis détachée ensuite en marquant à nouveau trois points, validés à l’aide de la vidéo.

Parle-nous de ton adversaire en finale, Elena Quirici, que tu rencontres souvent et qui était la tenante du titre.
On se connait très bien avec Elena car effectivement nous sommes souvent opposées. Nous étions déjà en finale toutes les deux à Tokyo en octobre dernier, lors de l’épreuve Premier League. D’ailleurs le fait de l’avoir dominée à Tokyo ça ne voulait pas forcément dire grand-chose pour moi … entre temps, on a la possibilité de s’analyser, de trouver des failles chez l’adversaire. On le voit sur cette finale, tout s’est joué sur des détails. Un premier point qui est validé à la vidéo, un second point que je marque puis elle revient à son tour à une longueur d’écart. On termine cette finale sur un score très serré car on se connait par cœur et qu’il est difficile de faire des différences dans ce type d’opposition.
Quelle était la stratégie mise en place avec Ludovic Cacheux avec cette finale ?
L’idée principale c’était de ne pas se livrer. Il fallait parvenir à faire craquer l’adversaire, qu’elle fasse l’erreur la première et que de mon côté je reste patiente tout au long du combat. Il ne fallait pas lâcher psychologiquement pour ne pas sortir du combat.
Comment on aborde un combat contre une fille qui te connait parfaitement ?
Je n’y pensais par forcément. Déjà à l’échauffement j’ai totalement occulté ce paramètre pour me mettre dans ma routine. Comme d’habitude, l’idée c’était de « bien taper dedans » pour aller chercher mon second souffle et faire monter le stress une première fois. Une fois cette étape réalisée, j’étais prête … je ne me suis pas focalisée sur l’athlète que j’avais en face. J’ai préféré être centrée sur moi-même pour me brancher sur l’adversaire dans les derniers instants avant le combat. Durant le combat, je l’ai en face de moi … je me dit juste que c’est une adversaire et que je dois la battre en mettant en place la stratégie imaginée avec l’entraineur.
Elle date cette joie ! Je crois que ça vient des championnats du Monde jeunes en 2011 en Malaisie.

Peux-tu nous expliquer cette joie avec Ludo ?
(sourire) Elle date cette joie ! Je crois que ça vient des championnats du Monde jeunes en 2011 en Malaisie. J’étais avec Francine Richonnier à l’époque au CREPS de Talence et nous avions trouvé ce check avec Ludo qui était notre entraineur au Pôle et en équipe de France. L’idée c’était de célébrer les victoires ou les belles médailles. Depuis c’est toujours resté …
Tu restes sur trois médailles consécutives, entre Dubaï, Guadalajara et le titre ce week-end à Marseille, dans quel état mental es-tu ?
Il faut vite se remettre en route et digérer ces médailles. Il ne faut pas oublier qu’elles peuvent me donner de la confiance. Mais c’est aussi du passé maintenant et il faut aller de l’avant avec Rabat qui arrive. La course à la qualification va encore être longue et les épreuves vont maintenant compter à 100% …